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Un an après le convoi des camionneurs, trois participants se souviennent
Des manifestants et des camions ont convergé vers le centre-ville d'Ottawa à la fin janvier 2022 pour protester contre les mesures sanitaires liées à la COVID-19. (Photo d'archives)
Photo : The Canadian Press / Justin Tang

Un an plus tard, que reste-t-il du mouvement à l'origine du convoi des camionneurs? Radio-Canada a parlé à trois participants qui se sont confiés sur leur vision, leurs perceptions des efforts réalisés et des résultats obtenus. Portraits de ces manifestants aux points de vue divergents.
Amélie Sirois, maman et résidente d'Ottawa
Le sourire aux lèvres et les yeux qui brillent, Amélie Sirois se remémore, en entrevue, ce premier week-end du convoi à Ottawa, le 29 et 30 janvier 2022, celui auquel elle a participé pour dénoncer l'obligation vaccinale.
Lorsque la campagne de vaccination contre la COVID-19 a commencé, Amélie Sirois était alors enceinte de son fils, qui est aujourd’hui âgé de 16 mois. Elle avait fait le choix de ne pas recevoir ce vaccin pendant sa grossesse et était incertaine d'accepter que son nouveau-né le reçoive dans le moyen terme.

Amélie Sirois a pris part aux rassemblements lors du premier week-end du convoi à Ottawa, en janvier 2022.
Photo : Radio-Canada / Frédéric Pepin
Avec la mise en place des passeports vaccinaux, elle craignait que son fils ne puisse prendre part à des activités s'il n'était pas vacciné contre la COVID-19, comme les cours de natation qu’il suit en ce moment. Je voulais que mon fils puisse participer à la vie citoyenne comme tout le monde
, explique Amélie Sirois.
C'est ainsi qu'elle en est venue participer aux manifestations lors du premier week-end du convoi à Ottawa. Elle se disait alors qu'au moins, elle aurait essayé de se faire entendre pour son fils.
La manifestation a été comme un baume pour elle, d'autant plus qu'elle se voyait comme le mouton noir de son entourage. Ça faisait tellement du bien d'être autour de gens qui ne me jugeaient pas
, poursuit-elle.
Ça faisait du bien de se retrouver avec un groupe diversifié [...] et de ne pas se sentir comme un mouton noir. Tous les moutons étaient enfin ensemble!
Est-ce que le convoi a eu un impact sur les mesures sanitaires des gouvernements, selon elle? Peut-être que cela a joué un rôle. Ça serait le fun de croire que oui. Aucun politicien, personne qui écrit les politiques, n'a admis que, en effet, c'est à cause de la pression subite à cause du convoi
, croit Amélie Sirois.
J'espère que c'est terminé, mais on est encore dans la pandémie [et] on a encore les mêmes décideurs en place
, souligne l'Ottavienne.
Brian Derksen, le camionneur qui n’a jamais quitté Ottawa
Le camionneur qui n’a jamais quitté Ottawa
, c’est ainsi que s’autoproclame Brian Derksen, cet homme originaire de Colombie-Britannique, qui affirme être à Ottawa depuis le 28 ou le 29
janvier 2022, au début du convoi.

Brian Derksen croit que le mouvement du convoi des camionneurs a gagné son pari depuis sa présence à Ottawa.
Photo : Radio-Canada / Frédéric Pepin
Un an plus tard, M. Derksen se trouve toujours dans la capitale fédérale à mener son combat. Pourquoi? Parce que nous sommes encore aux prises avec les mêmes problèmes
, lance Brian Derksen, en anglais.
Le profil Facebook de ce dernier comporte des publications publiques qui s'opposent aux vaccins contre la COVID-19, aux mesures sanitaires et au gouvernement Trudeau. À plusieurs reprises lors de son entrevue à Radio-Canada, il dit ne pas croire à l'existence de la pandémie ni même de la COVID-19.
Celui qui soutient avoir longtemps œuvré dans l’industrie du camionnage croit que le mouvement du convoi des camionneurs a gagné
son pari. Pouvez-vous imaginer vers quoi ils se dirigeaient avant que l’on arrive ici? Et où on serait maintenant?

Le Britanno-Colombien Brian Derksen est à Ottawa depuis la fin janvier 2022, où il est arrivé pour prendre part au convoi des camionneurs.
Photo : Radio-Canada / Frédéric Pepin
Comme bien des sympathisants du convoi, Brian Derksen estime que le gouvernement fédéral de Justin Trudeau a outrepassé ses pouvoirs et ses compétences avec la mise en place des mesures sanitaires contre la COVID-19, et ce, même si la majorité des mesures étaient levées lorsque les manifestants sont arrivés à Ottawa.
Maintenant, un an plus tard… Qu’est-ce qui a été résolu? OK, nous les avons ralentis, mais nous ne les avons pas arrêtés. Et qu’est-ce qui nous garantit qu’ils ne vont pas tout recommencer?
croit-il.
James Bauder, l’un des organisateurs du convoi
Contrairement à Brian Derksen, l’un des organisateurs du convoi James Bauder n’est pas convaincu que le mouvement a remporté
sa bataille et qu’il y ait de quoi célébrer, un an plus tard.
Lors de son arrivée à la commission Rouleau, James Bauder a lancé aux journalistes de « se trouver des avocats », promettant plus tard devant le juge de poursuivre plusieurs médias, dont CBC. (Photo d'archives)
Photo : La Presse canadienne / Sean Kilpatrick
Nous n’avons toujours pas eu de gouvernement qui a tenu une table ronde, comme nous l’avons demandé depuis le début
, indique M. Bauder en anglais en entrevue à Radio-Canada.
Le président de Canada Unity affirme qu’il attend toujours une enquête sur la gestion de la pandémie de COVID-19.
En novembre dernier, le fondateur du Parti réformiste du Canada, Preston Manning, a annoncé son intention de mettre sur pied une enquête nationale citoyenne indépendante sur le sujet.
L’enquête aurait pour but d'évaluer les conséquences des décisions du fédéral en lien avec la COVID-19 et de formuler des recommandations. Il faut mener une enquête approfondie
, clame James Bauder, qui appuie cette initiative.
Il y a donc encore du travail à faire pour mettre en lumière ces audiences et vraiment les élever à un autre niveau, afin que les gens sachent que le travail acharné que nous avons fait à Ottawa – d’exposer tout ceci – n’est pas passé inaperçu par les bonnes personnes au Canada qui l'amèneront à un autre niveau, professionnellement parlant
, affirme M. Bauder.
Avec les informations de Frédéric Pepin