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Vol de catalyseurs : un problème plus répandu qu’on le croit, selon la police

Les véhicules utilitaires sport et voitures hybrides sont les plus prisés des voleurs, affirme un expert.

Un conteneur rempli de convertisseurs catalytiques.

Le convertisseur catalytique peut prendre plusieurs formes. Certaines voitures peuvent également en avoir plus d'un.

Photo : Radio-Canada

Gregory Wilson.
Grégory Wilson

Le vol des convertisseurs catalytiques continue de causer bien des maux de tête à de nombreux automobilistes en Ontario, surtout dans les deux dernières années. Alors que le nombre de cas rapportés voit une hausse exponentielle, les différents corps policiers ont du mal à mesurer l’ampleur du problème à l’échelle de la province.

L’agent de la Police provinciale de l’Ontario (PPO) Joshua Cunningham explique que certains vols peuvent passer inaperçus. Par exemple, lorsqu’un parc de ferraille est visé par des voleurs et que son propriétaire ne s’en rend pas compte.

Selon lui, il existe également bien des cas qui ne sont tout simplement pas rapportés à la police.

Nous avons eu des victimes qui se sont fait voler à plusieurs reprises. Avec les assurances, les primes et les franchises, je suis sûr qu’il y a beaucoup de cas qui ne sont pas signalés.
Une citation de Joshua Cunningham, agent de la Police provinciale de l'Ontario

Le vol de cette pièce du système d'échappement d'une voiture s’est répandu à travers le pays (nouvelle fenêtre) en raison de sa teneur en métaux rares qui se vendent cher sur le marché noir, soit du palladium, du rhodium et du platine.

Qui plus est, son vol peut se faire très rapidement, selon l’agent de la Police provinciale de l'Ontario. Tout dépend de l’expertise du voleur et de ses outils utilisés, car il faut couper à travers deux morceaux du tuyau d’échappement avec une meuleuse ou une scie. Le processus pourrait ne prendre que deux minutes pour certains, dit-il.

L'employé coupe un des deux côtés du tuyau d'échappement autour de la pièce de valeur.

Un des employés de Standard Auto Wreckers montre la rapidité avec laquelle on peut enlever un convertisseur catalytique avec une scie électrique.

Photo : Radio-Canada

M. Cunningham indique que sept camions stationnés dans une carrière à Puslinch ont été renversés (nouvelle fenêtre) afin de dérober leur convertisseur catalytique le 12 janvier dernier.

Il ajoute que des véhicules et de la machinerie industrielle ont également été renversés pour cette même raison dans une carrière à Burlington quelques jours plus tôt.

Je ne pense pas voir [une réduction dans le nombre de vols] jusqu’à ce qu’on trouve un moyen pour mieux sécuriser nos propriétés, lâche l’agent.

Chaque fois qu’un produit a une valeur et est facile d’accès, on peut s’attendre à ce que des voleurs en profitent.

Joshua Cunningham pose devant une voiture de la Police provincial de l'Ontario.

Selon Joshua Cunningham, tout règlement qui pourrait lier un criminel à son acte pourrait le dissuader.

Photo : Fournie par Joshua Cunningham

Une grande priorité

Pour la Police régionale de Peel, ces vols constituent une de ses grandes priorités.

Selon ses statistiques, déjà 11 convertisseurs catalytiques ont été volés dans la région en 2023, soit sept à Brampton et quatre à Mississauga.

Pour tenter d’enrayer ce problème, le corps policier met en place un service de gravure de numéro d'identification pour les résidents de la région le 28 février à Mississauga.

Sa porte-parole indique par ailleurs qu’un règlement municipal de la Ville de Mississauga aidera le bureau des enquêtes criminelles dans les vols de ces pièces et leur possession dans les chantiers de recycleurs de ferraille.

Le Service a également demandé à son député et des compagnies d'assurances la mise en place d’une loi réglementant la vente des convertisseurs catalytiques.

La Police régionale de Peel demande également à tous les résidents de contacter leur député provincial afin que seuls les mécaniciens et les commerces agréés peuvent acheter et vendre des convertisseurs catalytiques en Ontario, note la porte-parole.

De son côté, le gouvernement de l’Ontario ne compte pas s’attaquer directement à ce fléau pour l’instant.

Selon le porte-parole du solliciteur général, Brent Ross, le ministère a confiance dans les services de police de la province pour lutter contre le crime, dont le vol des convertisseurs catalytiques. Il ajoute que le ministère ne va ni diriger ni intervenir dans les affaires de la police.

D’autres provinces canadiennes ont plutôt mis en place des règles pour tenter d’enrayer ce problème, dont le Manitoba (nouvelle fenêtre), la Colombie-Britannique, et le Nouveau-Brunswick l’année dernière et l’Alberta en 2021. Ces règlements ont pour but de rendre la revente de ces pièces plus formelles.

Voler en grandes quantités

Le chroniqueur et éditeur de l’Annuel de l’automobile, Benoît Charette, estime que la seule façon pour les criminels de retirer un profit est de voler une grande quantité de convertisseurs catalytiques.

Évidemment, on a des quantités infinitésimales [de métaux rares] dans les convertisseurs catalytiques, mais quand on en vole 100, 150, 200, à un moment donné ça commence à être très payant.
Une citation de Benoît Charette, chroniqueur et éditeur de l’Annuel de l’automobile

L’agent de la Police provinciale de l'Ontario, Joshua Cunningham, partage son avis.

La revente doit se faire de façon bien organisée, mais si l’on peut gagner 5 cents la pièce, et que tu multiplies ce chiffre par 5 millions, on se retrouve avec un réel profit, indique-t-il.

D’ailleurs, ces vols causent même des répercussions dans le monde des recycleurs d’automobiles.

David Gold est propriétaire de Standard Auto Wreckers, une entreprise de Scarborough.

Il affirme que l’entreprise n’achète pas de convertisseurs catalytiques à l’unité, mais bien des voitures entières.

Son processus est de retirer ce morceau et de le mettre dans un conteneur à part, sous clef. Puis, il vend ces convertisseurs catalytiques à une entreprise américaine qui les fond pour en retirer les métaux précieux.

David Gold parle au journaliste, convertisseur catalytique à la main.

David Gold explique que les métaux rares et convoités se retrouvent dans le grillage à l'intérieur du convertisseur catalytique.

Photo : Radio-Canada

De plus en plus de voitures arrivent à sa porte sans cette pièce de valeur.

Auparavant, on n’achetait pas souvent de véhicules sans son convertisseur catalytique, raconte-t-il. Désormais, on pose toujours la question : la voiture détient-elle toujours cette pièce?

Il affirme que ce n’est plus rare de recevoir un véhicule sans son convertisseur catalytique, et que cette réalité a un impact sur les finances de l’entreprise.

Véhicules les plus touchés

Benoît Charette affirme par ailleurs que certains véhicules sont davantage visés par des voleurs.

Tout d’abord, les véhicules utilitaires sport sont plus à risque parce que la pièce est plus facile d’accès étant donné le plus d’espace en dessous du véhicule pour enlever le morceau.

C’est beaucoup plus embêtant d'aller en dessous de véhicules très bas et de sport, précise l’expert.

Il ajoute par ailleurs que les véhicules hybrides sont également la cible des voleurs parce qu’ils sont plus propres.

Puisque la pièce sert à convertir des polluants en substances moins toxiques, explique-t-il, un convertisseur catalytique sur ce type de véhicule est moins sollicité.

Donc, il risque d’y avoir plus de métaux précieux et du coup on va avoir un meilleur prix.

Peu importe votre type de véhicule, l'expert affirme que laisser sa voiture dans un endroit sûr et fermé est la meilleure façon de réduire les risques d'un vol.

Gregory Wilson.
Grégory Wilson

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