- Accueil
- International
- Crime organisé
Retour au calme dans le nord-ouest du Mexique après la capture du fils d’« El Chapo »

Des heurts ont éclaté jeudi entre des bandes armées et l'armée mexicaine dans la ville de Culiacan après l'arrestation d'un des fils d'« El Chapo ».
Photo : AFP / JUAN CARLOS CRUZ
Plus de 4500 soldats mexicains patrouillaient vendredi après-midi dans les rues de la ville de Culiacan, dans le nord-ouest du Mexique, théâtre de scènes de guerre, la veille, après la capture d'Ovidio Guzman, l'un des fils du baron de la drogue Joaquin « El Chapo » Guzman, lors d'une opération qui a fait 29 morts, dont 10 militaires et 19 criminels présumés, selon les autorités.
L’opération a aussi fait 35 blessés dans les rangs des forces de sécurité, qui ont effectué 21 arrestations, selon un bilan publié vendredi par le secrétaire à la Défense, Luis Cresencio Sandoval, qui a affirmé n'avoir aucune information concernant des civils qui auraient perdu la vie
.
La situation est calme ces dernières heures
, a de son côté assuré le président mexicain, Andrés Manuel Lopez Obrador, lors de sa conférence de presse quotidienne plus tard dans la journée.

Le reportage de Jean-Michel Leprince
Combats intenses
D’importants affrontements ont éclaté jeudi entre des bandes armées et les forces de sécurité à plusieurs endroits dans la capitale du Sinaloa, Culiacan, lors de la capture d’Ovidio Guzman, accusé de diriger la faction Los Menores
du cartel du Pacifique, l’un des noms donnés au très puissant cartel de Sinaloa.
Dix militaires [...] ont malheureusement perdu la vie dans l'exercice de leurs fonctions
, a déploré le secrétaire Sandoval, en ajoutant qu'il y avait également eu 19 morts parmi les assaillants qui ont tenté d’empêcher la Garde nationale et l’armée mexicaine d’arrêter et d’évacuer le narcotrafiquant présumé de 32 ans par avion.
Un haut gradé de l’armée mexicaine a aussi perdu la vie lors d’une attaque contre sa patrouille durant la riposte des bandes armées, a confirmé M. Sandoval.

L'armée et la Garde nationale mexicaine ont payé un lourd tribut lors de la capture d'Ovidio Guzman.
Photo : afp via getty images / NICOLAS ASFOURI
D’intenses échanges de tirs ont eu lieu notamment à l’aéroport de Culiacan, où deux avions militaires et un avion de ligne d’Aeromexico ont essuyé des coups de feu. Les appareils militaires, endommagés par un feu nourri, ont dû effectuer des atterrissages d’urgence après avoir réussi à quitter l'aéroport.
Des images diffusées sur les réseaux sociaux ont montré des passagers se recroquevillant pour échapper aux balles et des travailleurs aéroportuaires se cachant derrière leurs comptoirs.
Suspendus jeudi, les vols ont repris vendredi.
En soirée, des agents en uniforme ont retiré les dizaines de voitures et camions incendiés jeudi dans plusieurs points de la ville.
En dépit des fusillades et des rues bloquées par des véhicules en flammes (nouvelle fenêtre), les forces mexicaines ont réussi à exfiltrer Ovidio Guzman à bord d'un appareil de l'armée de l'air jusqu'à Mexico, où il a été conduit dans les bureaux d'un procureur spécialisé dans le crime organisé.
Avertissement d'Ottawa aux voyageurs
Le gouvernement fédéral conseille aux Canadiens qui se trouvent dans certaines régions du Mexique (nouvelle fenêtre) de limiter leurs déplacements et de prendre refuge si possible
, en raison de la flambée de violence en lien avec l'arrestation du fils d'« El Chapo ».
La violence serait particulièrement prévalente à Culiacan, Mazatlan, Los Mochis et Guasave, selon Ottawa, qui prévient qu'il existe une menace pour les infrastructures essentielles, y compris les aéroports. Ceux de Culiacan et de Mazatlan sont fermés et tous les vols ont été suspendus à celui de Los Mochis, jusqu'à nouvel ordre.
Activement recherché aux États-Unis
Surnommé El Raton
[La Souris], Ovidio Guzman est accusé par la justice américaine de trafic de cocaïne, de méthamphétamine et de cannabis aux États-Unis. Selon les autorités américaines, il dirige plusieurs laboratoires clandestins qui produisent entre 1360 et 2200 kilogrammes de méthamphétamine par mois.
Son organisation, le cartel de Sinaloa, est considérée par l'Agence américaine antidrogue (DEA) comme le principal responsable du trafic de fentanyl aux États-Unis, une puissante drogue responsable de la mort de milliers de personnes par surdose.

Des groupes armés ont lancé plusieurs attaques à Culiacan contre les forces de sécurité mexicaines pour tenter de les empêcher d'arrêter Ovidio Guzman.
Photo : AP / Martin Urista
Outre ses activités liées au trafic de drogue, un rapport de l'agence américaine signale qu'Ovidio Guzman aurait ordonné l'assassinat d'informateurs, d'un trafiquant de drogue concurrent et d'un chanteur célèbre qui a refusé de chanter à son mariage.
En octobre 2019, El Raton
avait été brièvement arrêté, puis libéré sur ordre du président Andrés Manuel Lopez Obrador après un violent soulèvement à Culiacan (nouvelle fenêtre).
Une dynastie
Ovidio Guzman est le plus connu du clan Los Chapitos, qui comprend ses trois autres frères, Joaquin Guzman, Ivan Archivaldo et Jesus Alfredo, tous impliqués dans le trafic de drogue, selon les autorités mexicaines.
Leur père, Joaquin El Chapo
[Le Petit] Guzman, qui est l’un des fondateurs du puissant cartel de Sinaloa – à la fin des années 1980 –, s’est aussi fait connaître pour ses évasions spectaculaires de deux prisons à sécurité maximale du Mexique. Extradé aux États-Unis, il y est emprisonné depuis 2019 dans un centre de détention de très haute sécurité du Colorado (nouvelle fenêtre).

Le baron mexicain de la drogue Joaquin « El Chapo » Guzman est escorté par des agents à la suite de son arrivée à un aéroport en banlieue de New York, aux États-Unis, le 19 janvier 2019.
Photo : Reuters
Cette arrestation de l’un de ses fils survient avant l'arrivée au Mexique dimanche, un jour plus tôt que prévu, du président américain Joe Biden pour un sommet avec les dirigeants mexicain et canadien.
Les États-Unis offraient 5 millions de dollars américains pour la capture des fils de Joaquin El Chapo
Guzman.
Le ministre mexicain des Affaires étrangères, Marcelo Ebrard, a nié jeudi que cette arrestation soit un geste de son gouvernement à l'égard de Washington et a exclu toute extradition accélérée d'El Raton
aux États-Unis.
Ce dernier a d'ailleurs obtenu vendredi une suspension judiciaire contre une extradition immédiate.
Son arrestation n'est pas un accomplissement insignifiant de la part des autorités mexicaines
, a réagi John Kirby, un porte-parole de la Maison-Blanche, ajoutant que les États-Unis continueraient à travailler au pas de course
avec le Mexique dans la lutte contre le narcotrafic et notamment contre le puissant opioïde synthétique fentanyl.