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[Reportage] Il faut continuer à parler des réfugiés vénézuéliens, dit le HCR au Canada
Mélanie Gallant, directrice des communications et des relations externes du Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) au Canada, a récemment visité la région du Darién, à la frontière de la Colombie et du Panama, que traversent chaque jour des centaines de migrants.

Des migrants du Venezuela, de Cuba et d'Haïti après avoir traversé la jungle du Darién, au Panama.
Photo : ACNUR / Nicolo Filippo Rosso
Il ne faut pas oublier les migrants et réfugiés vénézuéliens, a rappelé le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) au Canada à la fin du mois de novembre dernier lors de l'annonce d'un plan pour collecter 1,7 milliard de dollars américains (2,32 G$ CA) pour soutenir ces personnes.
Plus de 7 millions de migrants et réfugiés vénézuéliens ont quitté leur pays. La grande majorité, près de 6 millions de personnes, a cherché à s'établir ou à transiter par 17 pays de l’Amérique latine et des Caraïbes. Plusieurs finissent leur périple aux États-Unis et certains se rendent même jusqu'au Canada.
Selon les projections de la Plateforme régionale de coordination inter-agences pour les réfugiés et les migrants du Venezuela (R4V), codirigée par le
HCR et l'Organisation internationale pour les migrations (OIM), le nombre de migrants et de réfugiés vénézuéliens augmentera à 7,32 millions de personnes d'ici 2024.
Un nombre sans précédent de migrants et de réfugiés ont traversé le Darién, au Panama, à la recherche de sécurité, de protection et d'une vie meilleure.
Photo : ACNUR / HCR / UNHCR / Viole E. Bruttomesso
Au début du moins de décembre, deux annonces en lien avec la crise des migrants vénézuéliens ont été faites pour que cette dernière demeure d'actualité. La première émane du
R4V et comprend le lancement d'un plan régional de deux ans pour amasser 1,72 milliard de dollars. L'argent sera utilisé pour répondre aux besoins humanitaires de ces millions de personnes qui se trouvent dans 17 pays d'Amérique latine et des Caraïbes, tout en cherchant à soutenir les gouvernements de ces nations.Le second provient du Canada, pays qui, avec l'Union européenne (UE), accueillera la prochaine Conférence internationale de solidarité avec les réfugiés et les migrants vénézuéliens, les 16 et 17 mars.
L'idée derrière ces deux annonces, au-delà de recueillir les fonds nécessaires, est de maintenir la crise bien en vue, en particulier dans un moment complexe où d'autres conflits comme la guerre en Ukraine et la réalité économique mondiale relèguent la situation de ces migrants au second plan.
Sur le terrain

Braulio Rodríguez Yáñez (à gauche), associé de terrain du HCR au Panama, avec Carla Calvo Manosa, responsable des rapports du bureau régional du HCR pour les Amériques et Mélanie Gallant (à droite) au poste d'accueil des migrants San Vicente, le 16 novembre 2022.
Photo : ACNUR / HCR / UNHCR / Soo-Jung Kim
Pour en savoir plus sur ce que font le HCR et d'autres organisations partenaires, Radio Canada International (RCI) s'est entretenu avec la directrice des communications et des relations externes du
HCR au Canada, Mélanie Gallant.Elle s'est rendue en novembre dernier dans le Darién, une région dangereuse à la frontière de la Colombie et du Panama, où des Vénézuéliens, des Haïtiens et même des Afghans traversent quotidiennement au péril de leur vie. Ils font face à une forte pression psychoémotionnelle.
Ce que j'ai vu et entendu de la part de mes collègues, c'est que le nombre de personnes traversant le Darién a beaucoup baissé. On parle cependant d'environ 400 personnes qui arrivent chaque jour. Le nombre de déplacements de Vénézuéliens a diminué après une annonce des États-Unis concernant leurs nouvelles politiques par rapport à l'arrivée des Vénézuéliens
, a déclaré Mme Gallant.
Selon les chiffres officiels du gouvernement du Panama, 16 632 personnes sont arrivées dans ce pays en tant que migrants irréguliers en novembre 2022. Ce nombre est faible par rapport au nombre historique d'octobre de 59 773 personnes.
Il faut rappeler que le gouvernement des États-Unis a annoncé l'automne dernier que tous les Vénézuéliens qui entreraient de façon irrégulière sur son territoire seront expulsés vers le Mexique. De plus, ces personnes expulsées seront exclues du programme par lequel les États-Unis donneront un statut légal, pendant deux ans, à 24 000 Vénézuéliens qui arrivent par voie aérienne et qui sont parrainés.
Mélanie Gallant raconte s'être retrouvée dans des espaces relativement vides par rapport aux semaines précédentes, mais qu'elle a néanmoins eu l'occasion de parler avec des gens qui venaient de traverser le Darién.

Le Panama connaît l'une des plus grandes crises migratoires mixtes de la dernière décennie.
Photo : ACNUR / HCR / UNHCR / Carlos Quiros
J'ai parlé à un Vénézuélien, un homme âgé, qui a besoin de béquilles parce qu'il a un problème de jambe. Il a dû faire le tour sans béquilles, car il s’est fait voler pendant le périple. En fait, lui et son groupe ont dû payer pour continuer à marcher sur le chemin.
Mme Gallant a pu constater d'elle-même qu'il existe divers profils de migrants et de réfugiés vénézuéliens qui mettent leur vie en danger pour atteindre de nouvelles terres.
Chaque histoire est unique. Mais dans le cas de ce Vénézuélien, il a quitté son pays à cause de la violence. Ils ont brûlé sa maison et l'ont menacé. Il a dû partir parce qu'il craignait pour sa vie.
Pour Mélanie Gallant, il est important que ces histoires et des milliers d'autres soient connues, d'autant plus qu'en 2022, les organisations qui aident les migrants et les réfugiés vénézuéliens n'ont reçu que le quart des fonds nécessaires. Cela a entraîné une réduction de l'aide humanitaire et des soins déployés dans tous les pays où se rendent les Vénézuéliens.

Le nombre de migrants irréguliers qui sont passés par le Darién a baissé en raison des annonces faites par les États-Unis concernant sa politique visant les Vénézuéliens.
Photo : ACNUR / HCR / UNHCR / Viola E. Bruttomesso.
Une chose que nous essayons de faire est de parler aux médias, de raconter des histoires et de continuer à travailler avec les gouvernements et avec les personnes qui ont une voix importante dans la région, pour continuer à parler et à soutenir [les Vénézuéliens].
Une conférence en solidarité
Entre-temps, le Canada assure que la situation des réfugiés et des migrants du Venezuela est l'une des plus grandes crises migratoires dans le monde.
Le ministre du Développement international du Canada, Harjit Sajjan, a affirmé dans un communiqué de presse que les pays d'Amérique latine et des Caraïbes continuent de faire preuve de leadership dans l'accueil et l'intégration des réfugiés et migrants vénézuéliens, mais leurs capacités et leurs ressources sont à la limite. Il est essentiel que la communauté internationale partage cette responsabilité et fasse preuve de solidarité envers les personnes touchées
.
Message aux pays d'accueil
Mélanie Gallant explique que les démarches visent également à faire comprendre aux pays d’accueil qu'ils ne sont pas seuls. Elle évoque les cas particuliers de la Colombie, de l'Équateur, du Pérou ou encore du Brésil, où se sont installées près de 2 millions de personnes.
Il est très important de se rappeler des besoins de ces personnes qui, souvent, n'ont pas assez à manger trois fois par jour ou n'ont pas assez d'argent pour envoyer leurs enfants à l'école. Et c'est pourquoi elles traversent une région comme le Darién et prennent tous ces risques pour rechercher de meilleures opportunités et la sécurité.
Pour en savoir plus : R4V (nouvelle fenêtre)
Note : ce reportage est également disponible en espagnol