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Le TIFF 2022 à Toronto : tout ce qu’il faut savoir

Le Festival international du film de Toronto, qui se termine le 18 septembre, accueillera environ 200 films.

Photo du logo du TIFF.

Pendant 11 jours, le TIFF présentera environ 200 films dans une dizaine de sections.

Photo : Evan Mitsui

Hadrien Volle.
Hadrien Volle

Pendant 11 jours, les yeux des cinéphiles du monde entier seront braqués sur la Ville Reine, qui va accueillir environ 200 films dans une dizaine de catégories.

La programmation 2022, qui marque le retour en salle du public, est pleine de promesses, de souvenirs et d’émotions.

Les têtes d’affiche

Parmi les projections les plus attendues, il y a la dernière production de Steven Spielberg, The Fabelmans, un film personnel et en partie autobiographique sur la naissance de sa passion pour le cinéma.

Un autre grand rendez-vous est pris entre le festival et l’actrice oscarisée Viola Davis, qui incarne l’héroïne de The Woman King, de Gina Prince-Bythewood, qui raconte l’histoire des Agojie, une unité de guerrières présente en Afrique de l’Ouest au 19e siècle.

Steven Spielberg sur le tapis rouge lors d'un festival de cinéma.

Steven Spielberg en sera à sa première participation au Festival international du film de Toronto.

Photo : Associated Press / Chris Pizzello

À l’affiche également, des films avec Nicolas Cage (Butcher’s Crossing), Jennifer Lawrence (Causeway), Daniel Radcliffe (Weird : The Al Yankovic Story), Tilda Swinton (The Eternal Daughter) ou encore Jane Fonda (Moving On).

L’immigration et les relations humaines au cœur du TIFF 2022

Afin de naviguer à travers la sélection, notre équipe a relevé une vingtaine de films qui méritent une attention particulière au milieu d’une programmation 2022 à la fois riche et de grande qualité.

Dans un monde confronté à d’importants déplacements de population, à cause des guerres ou des changements climatiques, le Festival international du film de Toronto laisse une place importante à la question de l’immigration.

L’équipe de programmation a choisi de projeter The Swimmers de Sally El Hosaini en film d’ouverture. Cette histoire inspirée de faits réels, qui montre la lutte pour la survie de deux sœurs syriennes, est très attendue sur la rue King Ouest.

Deux femmes sortent de l'eau en pleurant de joie.

Nathalie Issa et Manal Issa dans une scène du film «The Swimmers » dont la projection lancera le 47e TIFF.

Photo : La Presse canadienne/Netflix / LAURA RADFORD

Nanny est un autre film qui partage ce thème. On y suit Aisha, une nounou sans papiers employée par une famille de l’Upper East Side de New York. Alors qu’elle prépare l’arrivée de son fils laissé au pays, une présence surnaturelle vient perturber son quotidien et les rêves qu’elle a patiemment construits.

C’est aussi sur la route de New York que Baran bo Odar et Jantje Friese, créateurs de la série Dark (Netflix) situent leur nouveau projet, 1899 : un bateau de migrants quittant l’Europe à la fin du 19e siècle rencontre fortuitement un navire porté disparu depuis des mois.

Enjeux autochtones, racisme et société

La question des cultures autochtones et leur histoire est le sujet de plusieurs films (nouvelle fenêtre).

Au Canada, le Bones of Crows de Marie Clements raconte une vie de résistance et de résilience face aux malheurs à travers la vie de la matriarche crie Aline Spears et les générations qui lui ont succédé.

Le documentaire Chasseuse de son de Tanya Tagaq et Chelsea McMullan est une ode au son, à la musique et à la puissance de la nature du Nunavut.

Une femme autochtone au milieu d'un champ, une image capturée du film « Bones of crows » .

Le film de Marie Clements « Bones of crows » sera présenté en première mondiale au TIFF.

Photo : Gracieuseté : TIFF

Plus encore, le festival 2022 s’intéresse aussi aux questions autochtones extérieures au Canada en proposant Muru de Tearepa Kahi, l’histoire d’un policier maori de Nouvelle-Zélande déchiré entre son travail et sa communauté quand il se retrouve à devoir participer à une opération visant les siens.

Il faut aussi souligner la présence de Sweet as de Jub Clerc, qui évoque la vie d’une jeune fille autochtone d’Australie qui s’épanouit dans la photographie.

L’édition 2022 embrasse tous les grands sujets de société. À une époque où plusieurs faits troublants marquent le milieu du hockey canadien, le documentaire Black Ice d’Hubert Davis invite à la réflexion. Ce projet, produit notamment par le basketteur LeBron James et les rappeurs Drake et Future (nouvelle fenêtre), examine le racisme envers les Noirs dans ce sport depuis le 19e siècle jusqu’à aujourd’hui.

L’écologie n’est pas en reste avec le film au titre provoquant How To Blow Up A Pipeline (ou comment faire sauter un pipeline, en français) de Daniel Goldhaber qui évoque, sous la forme d’un film à suspense, l’action de sabotage d’un groupe d’activistes.

Par ailleurs, dans un domaine différent, la comédie romantique hollywoodienne Bros (nouvelle fenêtre) de Nicholas Stoller est la première du genre à se concentrer sur un couple d’hommes.

Une sélection du monde entier, la francophonie très représentée

Du côté des films en français, la sélection est particulièrement large cette année. Il y a notamment ROSIE de la réalisatrice Métis Gail Maurice, où une jeune fille dont la mère vient de mourir se retrouve à aller vivre avec sa tante. L’actrice française Virginie Efira est à l’affiche de deux films, Revoir Paris, d’Alice Winoncour, et Les Enfants des autres, de Rebecca Zlotowski.

Outre la présence notable de films du monde entier, le cinéma sud-coréen tient une place particulière dans cette édition. Il y a le très attendu film d’espionnage Hunt de Lee Jung-jae, ainsi que le Retour à Séoul de Davy Chou qui suit la quête vers ses géniteurs de la fille adoptive d’un couple de Français.

Deux hommes en complet se toisent devant un bâtiment.

« Hunt » est le premier film de l'acteur Lee Jung-jae, connu notamment pour son rôle dans la série à succès « Squid Games » ou « Le Jeu du calmar », en français.

Photo : Festival de Cannes

Après Scarborough de Shasha Nakhai et Rich Williamson en 2021, c’est au tour de Brother de Clément Virgo de représenter la partie est de la Ville Reine. Ces dernières années, il semblerait que cette zone de l’agglomération voie naître un cinéma qui lui est propre, aux prises avec ses réalités. Dans Brother, deux frères canadiens d’origine jamaïcaine voient leurs rêves malmenés par la violence qui gangrène la communauté.

La veine locale se retrouve aussi dans I Like Movies de Chandler Levack, qui s’attache à décrire la vie d’un jeune homme dans une ville de banlieue en Ontario.

Outre cette programmation prometteuse, le Festival international du film de Toronto 2022 marque aussi son retour dans l’espace public, puisqu’un grand nombre d’animations sont prévues sur la rue King Ouest entre l’avenue University et la rue Peter : projections gratuites en plein air, spectacles et autres surprise.

S’y retrouver dans les catégories

Afin de se repérer dans cette programmation très dense, le Festival international du film de Toronto est organisé en différentes catégories. Celle qui rassemble les films les plus attendus par l’industrie, souvent précédés de tapis rouges, est appelée « Présentation Gala ». Elle est suivie de près par celle des « Présentations spéciales », assez similaire à la première, si ce n’est que les projections ne sont pas précédées d’un défilé des célébrités.

La section « Cinéma du monde contemporain » rassemble des films de fiction généralement produits par des réalisateurs internationaux confirmés, contrairement à « Discovery », qui regroupe les premiers ou les seconds films de réalisateurs en devenir, alors que la section « Platform » réunit les projets qui sont encore en recherche de distributeur, généralement pour l’Amérique du Nord.

Les sections les plus expérimentales sont « Wavelength » consacrée aux films d’art et d’essai et « Midnight Madness » pour les films de genre. Quant aux sections « TIFF Docs » et « Primetime », elles présentent respectivement des documentaires et des séries télévisées avant leur diffusion à grande échelle.

Les récompenses

Le Festival international du film de Toronto est l’un des festivals de cinéma les plus importants au monde, juste derrière ceux de Cannes, Venise ou Berlin, et il est même considéré par certains professionnels comme le dernier tremplin vers les Oscars. Cependant, son fonctionnement est différent de ses cousins européens, puisqu’il ne s’agit pas d’une compétition. Cela ne l’empêche pas de distribuer quelques distinctions avant même l’ouverture des festivités.

Michelle Yeoh, actrice originaire de Malaisie à la carrière internationale, a remporté le premier prix hommage (nouvelle fenêtre) associé au programme du Festival international du film de Toronto « Share Her Journey », qui reconnaît le rôle de leader d’une femme dans l’industrie cinématographique. Parmi les autres lauréats, Brendan Fraser s'est d’ores et déjà vu décerner le prix hommage pour une performance avec son rôle dans The Whale (nouvelle fenêtre) où il incarne un professeur d’anglais obèse qui cherche à rétablir une relation avec sa fille de 17 ans.

Le festival a aussi annoncé le film My Policeman, mené par Harry Styles, se verrait également remettre le prix hommage pour l'ensemble de la distribution, alors que le réalisateur Sam Mendes (American BeautySkyfall1917) recevrait le prix Ebert reconnaissant l'ensemble de l'œuvre d'un réalisateur.

Les acteurs David Dawson, Emma Corrin et Harry Styles dans une scène du film.

L'ensemble de la distribution du film « My Policeman », réalisé par Michael Grandage, sera mis à l'honneur lors du Festival international du film de Toronto (TIFF).

Photo : Gracieuseté : TIFF

Enfin, le prix Festival international du film de Toronto du talent émergent a été attribué à Sally El Hosaini, qui a réalisé le film d’ouverture, The Swimmers (nouvelle fenêtre), où deux sœurs fuient la Syrie en guerre afin de poursuivre leurs rêves de devenir nageuses professionnelles. Pendant le festival, d’autres prix doivent être attribués : les très attendus prix du public, mais aussi le prix « Platform » qui récompensera un film de la section éponyme ou encore les prix IMDbPro pour les courts métrages.

L'édition 2022 est si variée qu’elle a tout d’une invitation adressée à chacun des spectateurs à prendre sa place dans l’histoire du festival.

Hadrien Volle.
Hadrien Volle

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