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[Élections Québec 2022] Le bilan du gouvernement sortant pour les immigrants et les minorités
Le parti Coalition avenir Québec a réalisé plus de la moitié (56 %) des promesses faites lors de la campagne qui l'a porté au pouvoir, selon le Polimètre de l'Université Laval*. Mais a-t-il rempli ou brisé celles qui concernent les minorités ethniques, culturelles et immigrées?
Les élections générales du Québec sont prévues pour le 3 octobre.
Photo : Radio-Canada
Les 42es élections générales québécoises du 1er octobre 2018 ont donné une victoire décisive à la Coalition avenir Québec (CAQ), dirigée par François Legault.
La
CAQ a remporté 74 des 125 sièges à l'Assemblée nationale, ce qui lui a permis de former un gouvernement majoritaire, chassant ainsi le Parti libéral du Québec ( PLQ) du pouvoir.C'était la première fois que ce nouveau parti remportait l'élection, mais aussi la première fois qu'un parti autre que le
PLQ ou le Parti québécois ( PQ) était au pouvoir depuis le milieu des années 70.La
CAQ est le premier parti nationaliste de centre droit au pouvoir depuis la défaite de l'Union nationale en 1970.François Legault devant une affiche de la Coalition avenir Québec
Photo : La Presse canadienne / Ryan Remiorz
Dans le bilan des quatre années de gouvernement, certains aspects concernant les minorités ethniques et culturelles ont été mis en lumière, dont ceux touchant les immigrants et les enfants d'immigrants, qui représentent environ 13 % de la population totale.
En ajoutant à ce nombre les membres des Premières Nations (2,3 %), les minorités représentent un peu plus de 15 % de la population totale de la province francophone.
Immigration

Deux jeunes filles issues des minorités culturelles enveloppées dans un drapeau québécois.
Photo : La Presse canadienne / Ryan Remiorz
Depuis son élection, le gouvernement Legault a adopté un discours nationaliste – sans être indépendantiste – qui rejette le fédéralisme.
En matière économique, il revendique une approche commerciale, promet des baisses d'impôts, le maintien de l'équilibre budgétaire et la réduction du nombre de fonctionnaires.
Le troisième volet du gouvernement Legault met l'accent sur la défense des valeurs du Québec sans pour autant se séparer du Canada. Dans son programme électoral, la
CAQ proposait une réduction de 20 % des seuils d'immigration et un test de valeurs et de français pour les immigrants afin d'attester de leur bonne intégration à la société québécoise.Il ne faut pas oublier que le gouvernement Legault est arrivé au pouvoir après une campagne électorale au cours de laquelle la réduction des niveaux d'immigration a été promise avec véhémence. Cela a envoyé un message de fermeture relative à la diversité.

Victor Armony, directeur du Laboratoire interdisciplinaire d’études latino-américaines
Photo : Radio Canada International (RCI) / Leonardo Gimeno
Le Québec a toutefois accueilli plus d'immigrants temporaires sous le gouvernement Legault, explique le journaliste de Radio-Canada Romain Schué dans un texte en français (nouvelle fenêtre).
Depuis l'arrivée au pouvoir du chef caquiste, le nombre de personnes arrivant dans le cadre du Programme des travailleurs étrangers temporaires a explosé. De 2017 à 2019, ce chiffre a même doublé, avant de plafonner en raison de la pandémie et des restrictions de voyage.
Selon les chiffres du journaliste, près de 36 000 travailleurs étrangers temporaires ont été embauchés au Québec l'an dernier. Aucune autre province n'a connu une telle augmentation durant cette période, précise-t-il.
De plus, avec la réouverture complète de la frontière canadienne, ce chiffre risque d'être dépassé cette année. De janvier à mars, plus de 14 000 travailleurs étrangers temporaires ont été autorisés à venir au Québec.
Résidents temporaires et permanents, des réalités différentes

Le Mexicain Marcos Preciado Arroyo est venu au Canada dans le cadre du Programme des travailleurs agricoles temporaires. Blessé, il a décidé de fuir la ferme où il travaillait parce que son employeur refusait de payer pour ses soins.
Photo : RCI / Martínez Méndez
Il est important de préciser que les immigrants temporaires n'ont pas les mêmes besoins que les résidents permanents.
L'une des principales difficultés rencontrées par les immigrants permanents récemment arrivés au Québec est l'évaluation des équivalences d'études à l'étranger.
Le sociologue Victor Armony, de l'Université du Québec à Montréal (
UQAM), note qu'une grande partie de ce que François Legault avait promis pour atténuer ce problème n'a pas été réalisée.Les promesses qui visaient à donner une meilleure place aux professionnels de l'étranger, ainsi que des politiques ou des mesures de lutte contre le racisme ont été annoncées, puis se sont quelque peu estompées dans la réalité.

Des difficultés importantes pour les professionnels formés à l'étranger pour faire reconnaître leurs diplômes ont été documentées partout au Canada.
Photo : Radio-Canada
Lors de la campagne électorale de 2018, la
CAQ a promis la reconnaissance des diplômes universitaires obtenus à l'étranger en supprimant les obstacles inutiles à une évaluation des compétences plus rapide et plus flexible.Il n'y a rien de plus décourageant pour un immigrant que d'arriver au Québec après beaucoup de sacrifices et de se faire dire que ses capacités ne sont pas reconnues
, pouvait-on lire dans le programme électoral du parti.
Selon le Polimètre de l'Université Laval, cette promesse a été partiellement tenue puisqu'en février 2022, soit près de quatre ans après son élection, le gouvernement Legault a présenté son Plan d’action interministériel concerté en reconnaissance des compétences des personnes immigrantes.
Il n'y a pas plus de détails sur l'avancement des objectifs de ce plan d'action.
Laïcité

L'opposition à la Loi sur la laïcité de l'État a été évidente au sein de la population comme devant les tribunaux, où elle est actuellement contestée.
Photo : Radio-Canada / Katy Larouche
Lors de la campagne électorale, la Coalition avenir Québec s'est engagée à interdire l'utilisation de symboles religieux par le personnel en position d'autorité, dont les enseignants, par le biais de sa loi 21
(Loi sur la laïcité de l'État du Québec). Une promesse tenue à 100 % depuis l'entrée en vigueur de la loi en juin 2019.
Vient ensuite la loi 21, la loi sur la laïcité – ou sur la laïcité de l'État –, qui interdit aux enseignants de porter des signes religieux, par exemple, et cela vise spécifiquement les femmes musulmanes qui portent le hidjab qui veulent travailler dans le domaine de l'éducation.
Rappelons également qu'une autre des promesses du gouvernement de François Legault était la mise en place d'un test des valeurs québécoises, qui constitue un moyen de garantir une meilleure intégration des nouveaux arrivants dans leur société d'accueil.
Selon les convictions de la
CAQ, toute société doit savoir s’unir autour de valeurs communes.Pour Victor Armony, sociologue et spécialiste des relations des minorités avec les instances étatiques québécoises, les propositions et réalisations du gouvernement caquiste ont évidemment jeté un certain froid dans les relations avec ceux qui n'appartiennent pas à la majorité québécoise.
Autochtones

Les relations entre les Premières Nations du Québec et le gouvernement Legault ont été tendues à plusieurs moments. Sur la photo, les huit chefs autochtones présents au Grand Cercle économique des Peuples autochtones du Québec de novembre 2021 ont reproché au premier ministre de les avoir presque ignorés sans répondre à leurs questions et demandes.
Photo : Radio-Canada / Ivanoh Demers
Une autre des promesses de campagne de la CAQ était l'application de la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones (
DNUDPA) et la prise en compte des recommandations de la Commission de vérité et réconciliation du Canada ( CVR) dans le cadre des prérogatives de l'Assemblée nationale du Québec.Comme le note le Polimètre, cette promesse a été rompue.
Les chercheurs de l'Université Laval en sont arrivés à cette conclusion étant donné que le Québec et cinq autres provinces canadiennes se sont opposés à l'application de la
DNUDPA par le gouvernement fédéral, sous sa forme actuelle du moins. Dans une lettre adressée au premier ministre Justin Trudeau, François Legault s'est joint à ses homologues du Nouveau-Brunswick, de l'Ontario, du Manitoba, de la Saskatchewan et de l'Alberta pour faire part de leurs inquiétudes quant au respect des compétences provinciales.Les premiers ministres ont également exprimé leur déception de ne pas avoir été plus consultés lors de la phase initiale du projet de loi. Selon François Legault, cette clause équivaut à un droit de veto offert aux communautés et pourrait donner lieu à de nombreux litiges.
Dans un autre dossier controversé en lien avec les nations autochtones, le Québec conteste actuellement la loi fédérale C-92 devant la Cour suprême du Canada. Cette loi permettrait aux communautés autochtones de se dissocier de la Direction de la protection de la jeunesse et de l'enfance (
DPJ). La protection des mineurs relève de la responsabilité du Québec, a déclaré le 16 mars dernier le ministre de la Justice Simon Jolin-Barrette.Il a refusé de dire s'il était possible pour une communauté autochtone de devenir complètement indépendante de la
DPJ. Il arguait plutôt que la négociation d'accords était la voie à suivre.Les Québécois appelés aux urnes
Le dimanche 28 août, le premier ministre Legault a officiellement déclenché les deuxièmes élections générales à date fixe de la province.
Les élections auront lieu le 3 octobre après plus de deux ans de pandémie de COVID-19. Certains des sujets qui retiendront l'attention du public seront la gestion de la pandémie, les pénuries de main-d'œuvre, le rapport sur les changements climatiques, la réforme de la Charte de la langue française (loi 96) et la constitutionnalité de la Loi sur la laïcité (loi 21).
La
CAQ tentera à nouveau de former un gouvernement et affrontera le Parti conservateur du Québec ( PCQ), le Parti libéral du Québec ( PLQ), le Parti québécois ( PQ) et Québec solidaire ( QS). À la fin de la session parlementaire de juin dernier, le premier ministre Legault s'est dit très fier du travail accompli par son gouvernement au cours des quatre années de son mandat.Je ne sais pas si j'aurai l'occasion de revoir mon bilan en tant que premier ministre du Québec. Les Québécois décideront le 3 octobre. Je ne tiens rien pour acquis, mais je peux vous dire une chose : j'aime beaucoup servir les Québécois en tant que premier ministre. Et j'espère que les Québécois feront confiance à notre équipe et que je pourrai continuer pour un autre mandat.
*Le Polimètre (nouvelle fenêtre) de l'Université Laval, à Québec, est une application web développée par des chercheurs qui suivent et font état des promesses électorales faites par les différents gouvernements au Canada depuis 2013. À chaque élection provinciale, ils présentent un rapport sur les promesses du gouvernement sortant. Le plus récent est dédié au gouvernement de François Legault.
Note : ce reportage est également disponible en espagnol
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