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[Reportage] Le public de retour au Salon du livre de Montréal

Une file de personnes

Vérification du passeport vaccinal des visiteurs à l'entrée du Salon du livre de Montréal le 27 novembre 2021

Photo : Radio Canada International / Samir Bendjafer

Samir Bendjafer

Le Salon du livre de Montréal (nouvelle fenêtre) est revenu en mode présentiel cette année après une édition entièrement virtuelle en 2020 en raison de la pandémie de COVID-19.

La 44e édition du Salon a commencé jeudi dernier au Palais des congrès de Montréal et s’est poursuivie jusqu’à dimanche soir. Une programmation en ligne et une autre intitulée Dans la ville (nouvelle fenêtre) avaient débuté le 13 novembre.

Selon les organisateurs, pas moins de 500 maisons d’édition et plus de 1150 créateurs et créatrices ont participé à l'événement.

C’était la première fois qu'il se tenait au Palais des Congrès. Les années précédentes, cette attraction populaire se tenait à la Place Bonaventure, à environ 600 mètres à l’ouest du Palais.

Le Palais des Congrès est un endroit vaste et bien aéré, a expliqué le directeur général du Salon, Olivier Gougeon, en entrevue à l’émission Le 15-18 d’ICI Première, la première chaîne de la radio de Radio-Canada.

Dans ce contexte, il convient de noter que les organisateurs ont demandé aux visiteurs de 12 ans et plus de déclarer leur statut vaccinal et que le port du masque était obligatoire tout au long d’une visite dont la durée ne devait pas, selon les conseils prodigués, dépasser trois heures.

Afin de gérer le flux des visiteurs, un système de réservation a été mis en place lors de l’achat des billets.

Des membres du personnel avaient pour tâche de vérifier le passeport vaccinal de chaque visiteur sur son téléphone portable, conformément aux procédures sanitaires en vigueur au Québec depuis début septembre.

Un homme écrit sur une page d’un livre.

Sami Aoun

Photo : Radio Canada International / Samir Bendjafer

Un forum très important

Les organisateurs avaient prévu quelque 2200 séances de dédicaces pour les auteurs canadiens. En raison de la pandémie de COVID-19, aucun auteur étranger n’a été invité cette année.

Samedi, Sami Aoun, professeur émérite en science politique à l’Université de Sherbrooke et directeur de l’Observatoire sur le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord à la Chaire Raoul-Dandurand en études stratégiques et diplomatiques à l’Université du Québec à Montréal (UQAM) a participé à la séance de signature de son dernier livre, Penser la citoyenneté : laïcité, pluralisme et islam, que vient de publier Médiaspaul au Québec et en France.

Dans une entrevue avec Radio Canada International (Radio Canada International), l’auteur canado-libanais explique l’importance de la rencontre avec les lecteurs.

Le Salon du livre de Montréal permet d’être en contact direct avec des lecteurs qui aiment les livres et qui cherchent à élargir leurs horizons. Cela leur permet de comparer leurs idées et de tester leurs convictions et leurs modes de pensée. Pour toutes ces raisons, le Salon est un forum très important.
Une citation de Sami Aoun, politologue et islamologue

En plus des ventes et des dédicaces, le Salon est aussi une occasion d’assister à des échanges entre écrivains et à des tables rondes où le public est invité à interagir.

Au programme figuraient 22 tables rondes de 45 minutes chacune, où trois auteurs à la fois traitaient d'un sujet proposé par l’animateur.

Les visiteurs ont pu également assister à des entrevues avec des écrivains dans un format court d’environ 15 minutes. Cette activité visait à familiariser le public avec les écrivains.

Une boîte en carton sur laquelle est écrit La lecture en cadeau.

Les visiteurs du Salon du livre de Montréal pouvaient acheter des livres et les déposer dans des boîtes pour les enfants défavorisés du Québec. « La lecture en cadeau » est une initiative de la Fondation pour l'alphabétisation. Photo prise le 27 novembre 2021.

Photo : Radio Canada International / Samir Bendjafer

Les organisateurs du Salon du livre n’ont pas oublié les jeunes lecteurs démunis.

En collaboration avec la Fondation pour l’alphabétisation, le Salon a participé au programme La lecture en cadeau qui offre des livres jeunesse neufs à des milliers d’enfants de milieux défavorisés.

Des boîtes pour la collecte de nouveaux livres ont été installées dans les allées du Salon, et les visiteurs pouvaient acheter des livres pour les enfants de 12 ans et moins et les y déposer.

Ces livres seront distribués par la Fondation. Les visiteurs du Salon pouvaient également faire des dons en argent sur le site Internet de la Fondation.

Plusieurs personnes debout dans un stand de livres et on voit le drapeau marocain à droite.

Le kiosque du Centre culturel marocain de Montréal au Salon du livre de Montréal, le 27 novembre 2021. De gauche à droite : l'écrivain Mostafa Benfares, l'écrivain M'hammed Mellouki et sa conjointe, l'écrivaine et éditrice Marie-Denise Douyon, et l'écrivain Majid Blal.

Photo : Radio Canada International / Samir Bendjafer

Auteurs francophones d'origine marocaine

Les œuvres d’auteurs canadiens d’origine marocaine de différents horizons culturels étaient très présentes cette année au Salon du livre de Montréal, où le Centre culturel marocain a installé un kiosque mettant en vedette leur production.

L'écrivain Majid Blal, qui vit au Canada depuis 1981, a expliqué en entrevue à Radio Canada International qu’il est important d’être présent dans le plus grand salon francophone de la province et même du Canada. C’est très important pour les auteurs en langue francophone (sic).

Cet auteur d’origine marocaine a publié en 2019 un recueil de récits largement autobiographiques, L’igloo des errances identitaires. Il a expliqué à Radio Canada International que le Salon donne aux gens l’accès à la littérature sur la transhumance, l’immigration, les traumatismes et tout ce qui est lié à l’intégration et au vivre ensemble.

L’écrivain et critique littéraire Mostafa Benfares a partagé l’opinion de M. Blal. Pour lui, la littérature marocaine reste méconnue de certains.

Le livre peut servir de pont entre celui qui écrit et le public qui ignore cette littérature, a expliqué M. Benfares à Radio Canada International.

Il a ajouté que l’expérience maghrébine intéresse le lecteur ici au Canada parce qu’il y a plusieurs dimensions en commun avec les lecteurs du Québec. On n’a qu’à penser au débat sur l’identité et sur l’autre, et à la culture.

Le Centre culturel marocain a également invité l’écrivaine et peintre d’origine haïtienne Marie-Denise Douyon.

Mme Douyon a grandi à Casablanca, capitale économique du Royaume chérifien, après que sa famille eut fui la dictature de François Duvalier dans son pays natal. Après des études aux États-Unis et une tentative ratée de vivre dans le pays antillais de ses ancêtres, elle a décidé d’élire domicile au Canada.

Diplômée en beaux-arts du Fashion Institute of Technology de New York, Mme Douyon se spécialise dans les publications pour enfants où elle traite des identités multiples et d’autres sujets de manière agréable pour les enfants de 4 à 12 ans.

Sa maison d’édition Muzikiddy a récemment publié Le pélican de Tétouan, un livre instruc­tif pour faire décou­vrir aux enfants le Maroc, ce pays chaud et accueil­lant au nord de l’Afrique, où vit Adam, un grand péli­can, selon le site du Salon du livre de Montréal.

Éloge du premier ministre

On dit que le rêve de chaque auteur est que ses livres soient lus le plus longtemps possible.

C’est ce que vit l’écrivain et journaliste québécois Gabriel Anctil, dont le roman Sur la 132 a reçu les félicitations du premier ministre du Québec François Legault sur Facebook et Twitter le premier jour du Salon.

Ce livre paru en 2012 est le premier roman de l’auteur. Au kiosque de la maison d’édition Héliotrope, les exemplaires disponibles étaient marqués de livre préféré du premier ministre, un éloge qui s’est avéré bénéfique.

Sur la 132 a été un succès dès sa sortie et a été réimprimé plusieurs fois par la suite, comme l’a expliqué l’auteur dans une entrevue avec Radio Canada International.

Un homme écrit sur une page d’un livre.

L’auteur québécois Gabriel Anctil lors d’une dédicace au Salon du livre de Montréal le 27 novembre 2021.

Photo : Radio Canada International / Samir Bendjafer

Que le livre reste en demande après neuf ans est vraiment exceptionnel. Et que le premier ministre en dise tellement de bien me rend très heureux. C’est aussi un roman qui a reçu tant de mots gentils, comme ceux du grand auteur [québécois] Michel Tremblay.
Une citation de Gabriel Anctil, romancier québécois

Ce qui a touché les lecteurs, c’est l’éloge des régions du Bas-Saint-Laurent et de la Gaspésie dans le roman, comme l'explique l'auteur, un journaliste de voyage qui a publié cette année Sillonner les chemins du monde, une série de récits de voyages autour du monde qu’il a effectués avant la pandémie, dont un en Tunisie.

Des personnes debout devant des stands d’exposition de livres

Deux familles en visite au Salon du livre de Montréal le 27 novembre 2021. De gauche à droite : Saber Ghennai, son fils Adam, Omar Iguenane, son fils Aksil et Anaïs, une amie de la famille.

Photo : Radio Canada International / Samir Bendjafer

Salon du livre familial

Les enfants qui ont accompagné leurs parents au Salon du livre de Montréal ne se sont fort probablement pas ennuyés. En plus d’acheter des livres, ils ont pu participer à diverses activités de littérature jeunesse avec des auteurs et autrices.

Saber Ghennai et Omar Iguenane sont deux amis qui ont immigré au Canada en provenance d’Algérie. Ils sont venus au Salon avec leurs enfants.

M. Ghennai a emmené son fils Adam. De son côté, M. Iguenane a accompagné son fils Aksil et la fille d’un autre ami, Anaïs.

C’était la première fois qu’ils visitaient le Salon du livre à Montréal. Grâce aux réseaux sociaux, nous avons appris que le Salon aurait lieu ce week-end. Nous avons pensé que cela pourrait convenir aux enfants. Et c’est ce qu’ils voulaient aussi, a expliqué M. Iguenane samedi à Radio Canada International.

La récolte de la visite pour les deux familles : des collections de mangas et des romans jeunesse.

Note : ce reportage est également disponible en arabe, et a été traduit en français par Fadi Harouny

Samir Bendjafer

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