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La transition énergétique est « trop lente »; le monde subira des « turbulences »

Les plans de réduction des gaz à effet de serre actuellement prônés par les États à travers le monde ne permettront pas d’atteindre la carboneutralité en 2050, tel que promis, avertit l’Agence internationale de l’énergie. Ils manqueront même leur cible de 60 %.

Un homme en habit de protection.

Un mineur de charbon, dans la province de Heilongjiang, en Chine

Photo : Reuters / Jason Lee

Agence France-Presse

« La transition est trop lente » : le monde subira le réchauffement climatique, mais aussi des « turbulences » en matière d'approvisionnement, s'il n'investit pas plus massivement et rapidement dans les énergies propres, a prévenu mercredi l'Agence internationale de l'énergie (AIE).

L'agence lance de sérieux avertissements devant la direction que le monde prend, dans son rapport annuel publié à deux semaines de l'ouverture de la COP26 de l'ONU à Glasgow.

Une nouvelle économie émerge : batteries, hydrogène, véhicules électriques, note-t-elle.

Mais tous ces progrès sont contrés par la résistance du statu quo et des énergies fossiles : pétrole, gaz et charbon forment toujours 80 % de la consommation finale d'énergie, générant trois quarts du dérèglement climatique.

À ce jour, les engagements climatiques des États, s'ils sont tenus, ne permettront que 20 % des réductions d'émissions de gaz à effet de serre (GES) nécessaires d'ici 2030 pour maîtriser le réchauffement, et seulement 40 % des réductions devant permettre la carboneutralité en 2050.

Les investissements dans des projets énergétiques décarbonés devront tripler dans les 10 ans, pour la neutralité carbone à 2050, résume le directeur de l'Agence internationale de l'énergie, Fatih Birol.

Alors que la crise de la COVID-19 a stoppé les progrès de l'électrification notamment en Afrique subsaharienne, le financement des pays émergents est clé, alors qu'ils doivent s'équiper tout en évitant notamment les centrales à charbon.

L'Agence internationale de l'énergie détaille trois scénarios pour l'avenir :

Dans le premier, les États continuent comme aujourd'hui : les énergies propres se développent, mais la hausse de la demande et l'industrie lourde maintiennent les émissions au niveau actuel. Le réchauffement atteint 2,6 °C par rapport au niveau préindustriel, loin du 1,5 °C garant de répercussions gérables.

Dans le deuxième, les États appliquent leurs engagements, notamment la neutralité carbone pour plus de 50 d'entre eux dont l'Union européenne. La demande de fossiles atteint son sommet en 2025 (via l'efficacité énergétique et un boom des voitures électriques). La hausse des températures reste à 2,1 °C.

La troisième option est la neutralité carbone, pour rester sous 1,5 °C, qui demandera des efforts majeurs, mais offre des avantages considérables pour la santé comme le développement économique, dit l'Agence internationale de l'énergie.

Contrer la volatilité en misant sur la nouvelle économie de l'énergie

Les financements supplémentaires nécessaires sont moins lourds qu'ils n'y paraissent, ajoute-t-elle : 40 % des réductions d'émissions se paient d'elles-mêmes, par l'efficacité énergétique, la lutte contre les fuites de méthane ou les parcs solaires ou éoliens là où ces technologies sont déjà les plus compétitives.

L'Agence internationale de l'énergie souligne aussi que l'actuel déficit général d'investissement affecte non seulement le climat, mais aussi les prix et l'approvisionnement, promesse de turbulences comme le monde en connaît aujourd'hui avec les tensions post-COVID sur les énergies fossiles.

Ces dernières années, la dépréciation des prix du gaz et du pétrole a limité l'investissement dans ce secteur, quand, dans le même temps, la transition vers des énergies propres est trop lente pour répondre à la demande, explique l'Agence internationale de l'énergie.

Le risque plane de turbulence accrue pour les marchés mondiaux de l'énergie, souligne M. Birol.

Nous n'investissons pas assez pour répondre aux besoins futurs, et ces incertitudes nous préparent à une période volatile.
Une citation de Fatih Birol, directeur de l'AEI

La façon d'y répondre est claire : investir massivement et rapidement dans les énergies propres, pour assurer les besoins de court et de long terme.

Faute de quoi, le risque d'une volatilité déstabilisatrice ne pourra que croître avec le temps, ajoute le rapport, qui insiste sur l'importance d'une transition abordable pour tous les citoyens.

Une nouvelle économie de l'énergie émerge, avec un potentiel de création de millions d'emplois, dit encore Fatih Birol, qui appelle les dirigeants à la COP26 à faire leur part en faisant des années 2020 la décennie du déploiement massif des énergies décarbonées.

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