Réalisateur de documentaires
Une oreille sensible et exercée, voilà sans doute l'outil de travail le plus
précieux pour le réalisateur de documentaires ! Ses histoires, il les construit
à l'aide de la parole, de la musique et des sons. Plus il est habile à combiner
ces différents éléments, plus il stimule l'imagination et l'intérêt de l'auditeur.
Alan Conter est réalisateur de documentaires. Son métier est bien différent de celui de réalisateur d'une émission d'affaires publiques, par exemple. Il travaille surtout seul, pendant une longue période de temps, et traite d'un sujet précis et unique. Un documentaire radio dure en général entre 30 et 60 minutes.
Le dicton préféré d'Alan, emprunté à une école d'architecture allemande : « less is more ». Les constructions les plus simples donnent de meilleurs résultats. Pour dépeindre ses sujets, il privilégie la cohérence et l'élégance à la complexité, même si la technologie lui permettrait de créer des ambiances sonores extravagantes.
Étape 1 : Le quoi et le comment
: trouver l'idée !
Étape 2 : La cueillette et la sélection du
contenu
Étape 3 : Le scénario
Étape 4 : L'enregistrement et le montage
» Étape 1 : Le quoi et le comment : trouver
l'idée !
L'inspiration peut venir de tous côtés : lectures, rencontres, activités,
discussions. Évidemment, quand un réalisateur a en tête de concevoir un documentaire
d'une heure, il choisit un thème riche, à propos duquel il se pose lui-même
plusieurs questions.
Ces questions orientent sa recherche de contenu. Dès le début, il se demande,
entre autres, qui pourra lui parler de ce sujet de manière captivante.
Le réalisateur a souvent totale liberté dans le choix et le traitement d'un
sujet.
Parfois, cependant, le documentaire fait partie d'une série. Le réalisateur doit dans ce cas respecter la couleur et la personnalité de la série quand il conçoit son documentaire. Récemment, Alan a réalisé un documentaire sur le français et les intellectuels américains dans le cadre de l'émission Des idées plein la tête.
» Étape 2 : La cueillette et la sélection
du contenu
La documentation que rassemble le réalisateur - au moyen d'Internet, entre
autres - de même que l'information recueillie auprès de personnes choisies
servent de matériel de base au documentaire.
Après avoir mené sa recherche, Alan interview une douzaine de personnes, pendant 30 à 40 minutes chacune. Il enregistre ces entrevues sur magnétophone numérique, puis les réécoute et les transcrit.
Bien entendu, Alan sait qu'il ne peut tout conserver : une entrevue de 40 minutes, présentée dans son intégralité, ennuierait vite l'auditeur ! Il faut déployer le sujet avec style, varier les genres pour offrir des intermèdes à l'oreille : extraits d'entrevues intéressants, pièces musicales, éléments sonores, narrations (celle du réalisateur ou de comédiens), etc.
Ainsi, les tâches du réalisateur se diversifient : documentation de base, recherche d'intervenants, entrevues, transcription des entrevues, recherche musicale, composition d'ambiances sonores, prémontage des éléments, c'est-à-dire nettoyage, découpage et collage du son à l'aide d'un logiciel spécial.
» Étape 3 : Le scénario
Tout l'art de la réalisation réside dans l'organisation élégante et logique
des éléments recueillis à l'étape 2. Une tâche difficile mais exaltante, qui
exige de faire des choix parfois déchirants. De quelle façon commencer le
documentaire ? Dans quel ordre présenter les interventions des personnes interviewées
? Quelle information inclure dans les narrations et à quelle fréquence les
placer ?
Étape essentielle que la rédaction du scénario : elle oblige le réalisateur
à organiser ses éléments et à les situer dans le temps afin de maximiser la
compréhension du sujet.
Grâce au scénario, le réalisateur a une idée assez précise, dans son esprit,
du déroulement de son documentaire.
» Étape 4 : L'enregistrement et le montage
Si Alan travaille seul à la recherche, aux entrevues, à la préparation des
contenus sonores et à la rédaction, il est ravi de pouvoir compter sur un
technicien à l'étape de l'enregistrement et du
montage. L'expertise du technicien l'assure de la qualité sonore de son documentaire.
Le technicien ajuste les niveaux de son, mixe les éléments et crée des effets sonores en se basant sur les indications du réalisateur. Il veille aussi à ce que l'enregistrement des narrations, effectué sur place par Alan ou un comédien, soit de bonne qualité.
Le montage représente une étape délicate, qui peut même tourner au cauchemar si le réalisateur s'est mal préparé; s'il n'a pas tenu compte du temps de façon assez précise, par exemple.
Alan se souvient également de certaines idées qui - bien que tout-à-fait pertinentes sur papier - ont donné des résultats abracadabrants au montage. Il faut alors repenser le scénario.
Grâce à la magie du numérique, Alan peut recommencer un montage indéfiniment. Les éléments sonores sont en effet conservés dans l'ordinateur dans leur forme originale. Par le passé, Alan aurait dû récupérer et recoller ses bouts de rubans. Comme quoi même les nostalgiques trouvent du charme aux nouvelles technologies !
Reportage : Jacinthe Bussières
Le format numérique facilite le travail de prémontage, mais rien ne vaut
le ruban pour s'exercer à l'écoute.
(48 s)