
Métier : journaliste
Marie-Louise Arsenault aborde les nombreux enjeux du travail de journaliste dans le monde d'aujourd'hui.
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Aide à la navigationLes grands entretiens
Avec Stéphane Garneau
Du mardi au jeudi de 21 h à 22 h
(en rediffusion du mercredi au vendredi à 3 h)
Julie Latour, ex-bâtonnière du Québec
Photo : Radio-Canada / Louis-André Bertrand
L'avocate Julie Latour voit son combat pour l'interdiction des signes religieux chez les fonctionnaires comme le prolongement de son militantisme pour un féminisme universaliste. À l'opposé, le féminisme « relativiste » et le discours actuel sur la diversité et l'intersectionnalité ne sont, selon elle, que le « retour à la bien-pensance qui était notre lot à l'époque duplessiste ».
La juriste a toujours cherché à travailler pour l’avancement du droit des femmes. Elle a d'ailleurs été entre autres attirée vers ce domaine grâce à sa belle-mère, la première femme députée à l’Assemblée nationale du Québec, Marie-Claire Kirkland-Casgrain, décédée en 2016.
« On s’est éloignés de la théocratie pour arriver dans des sociétés démocratiques libérales, raconte-t-elle au micro de Michel Lacombe. Plus il y a de porosité entre l’État et le religieux, plus les droits des femmes sont menacés. »
Comme pour plusieurs, Julie Latour explique qu'elle a aussi une vie spirituelle, un élément important dans son cheminement, entre autres par rapport à ses ancêtres.
Cependant, elle souligne que même si plusieurs ont des croyances religieuses, celles-ci ne doivent pas transparaître lorsqu’ils représentent l’État.
Le fonctionnaire qui affiche un signe religieux contreviendrait, selon elle, à son rôle de dépositaire de l’aspiration de tous ses concitoyens à l’égalité.
L’avocate s'inquiète de ce qu’elle perçoit comme une différence dans le traitement de l’égalité raciale et de l’égalité entre les hommes et les femmes.
Par exemple, explique-t-elle, il n’est plus possible, sans créer l'opprobre des autres États, qu’un pays affiche publiquement une discrimination raciale basée sur des croyances religieuses ou culturelles. À l’inverse, plus de 80 pays ont dérogé à la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes. « Comme ça ne touche pas les hommes, c’est vu comme n’étant pas universel. »
Il y a un féminisme relativiste qui voit le jour sous le vocable de l’intersectionnalité, mais qui, à mon sens, est un détournement.
En 1989, la chercheuse et professeure américaine Kimberlé Crenshaw a été la première à utiliser le terme « intersectionnalité » dans un contexte féministe. Elle visait à exposer la complexité de la discrimination double vécue par les afrodescendantes aux États-Unis, du fait qu’elles étaient femmes et Noires.
« [Elle ne voulait pas] créer une conscience sociale qui s’oppose aux hommes noirs. Alors, la chose est dite. Ce n’est plus du féminisme comme tel. C’est de faire corps, à mon sens, avec le patriarcat. »
Celle qui a été bâtonnière du Barreau de Montréal en 2006 et 2007 se réclame ainsi d’un féminisme dont les règles s’appliqueraient à tout le monde, sans distinction.
Jadis, l’anathème, c’était l’excommunication, maintenant, c’est d’être traité de raciste.
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