
Ça s'explique
Alexis De Lancer va au-delà de la nouvelle pour mieux comprendre les grands enjeux d'actualité.
499 éléments, 133 h 35 min
Vous naviguez sur le nouveau site
Aide à la navigationLe 15-18
Avec Jacques Beauchamp
En semaine de 15 h à 18 h
Une partie du Faubourg à m'lasse a été détruite pour faire place à Radio-Canada.
Photo : Archives de Montréal
Une page d'histoire se tourne pour Radio-Canada : ses employés de Montréal quittent progressivement la grande tour brune pour s'installer dans de nouveaux bureaux. Ce déménagement est perçu avec amertume par certaines personnes qui vivaient autrefois dans le Faubourg à m'lasse et qui ont été évincées, il y a 60 ans, pour laisser place à la tour de Radio-Canada.
Lucien Landry confirme cette affirmation, lui qui a aussi vécu dans le Faubourg à m’lasse. Il est un orphelin de Duplessis, c’est-à-dire qu’il a été faussement étiqueté comme malade mental dans sa jeunesse. À 19 ans, il s’est évadé de l’asile Saint-Jean-de-Dieu et, comme d'autres orphelins de Duplessis, il a réussi à se faire accueillir dans une maison de chambres du faubourg. On avait ce qu’on appelle une ouverture [de la part] de la propriétaire de la résidence, se rappelle-t-il. Elle trouvait ça effrayant, notre histoire. Elle était d’accord avec notre démarche, qu’on puisse gagner notre vie et être autonomes.
Une partie de l’ancien Faubourg à m’lasse accueille aujourd’hui le Village gai et cela est tout naturel, selon Janelle Bouffard. Les gens s’accueillaient dans toutes sortes de différences, que ce soit leur identité sexuelle, leur type de travail ou leur revenu, affirme-t-elle. Il y a un monsieur homosexuel qui venait jaser, des fois, chez nous. Tout le monde l’accueillait. Il faisait partie du milieu, de nous.
Les préparatifs pour la construction des bureaux de Radio-Canada ont entraîné, en 1963, l’éviction de 5000 résidents du Faubourg à m’lasse, qui ont vu leurs maisons détruites pour faire place à une tour et à deux grands stationnements.
J’avais senti beaucoup de résignation de la part du voisinage, témoigne Janelle Bouffard. On ne sentait pas un grand courant contestataire.
Un bureau d'assistance aux locataires a été mis en place pour aider les propriétaires et les locataires à trouver un nouveau logis, mais les chambreurs, eux, étaient laissés à eux-mêmes. On avait fait des demandes à la radio pour des chambres à louer, raconte Lucien Landry. On avait fait une campagne de sensibilisation pour ceux qui étaient expropriés.
C’est pourquoi aujourd’hui Janelle Bouffard regarde avec une certaine tristesse les employés de Radio-Canada déménager à nouveau : Quand j’ai vu que ce qu’ils avaient fait avec tous les gens qui vivaient ici et que ça ne convenait plus, ça m’a révoltée. Tous ces sacrifices stériles…
Vos commentaires
Veuillez noter que Radio-Canada ne cautionne pas les opinions exprimées. Vos commentaires seront modérés, et publiés s’ils respectent la nétiquette. Bonne discussion !