
Ça s'explique
Alexis De Lancer va au-delà de la nouvelle pour mieux comprendre les grands enjeux d'actualité.
499 éléments, 133 h 35 min
Vous naviguez sur le nouveau site
Aide à la navigationLe 15-18
Avec Matthieu Dugal
En semaine de 15 h à 18 h
Une migrante pleure lors du démantèlement de la « jungle » de Calais.
Photo : Reuters / Pascal Rossignol
Depuis 2010, la psychologue clinicienne et anthropologue Marie-Caroline Saglio-Yatzimirsky reçoit des migrants de toutes les origines dans un hôpital en France. Elle constate qu'un grand nombre d'entre eux souffrent d'un important traumatisme psychique.
Plusieurs des demandeurs d’asile qu’elle a rencontrés partagent les mêmes syndromes. Ils ne cessent de revoir dans leur tête les événements traumatisants qu’ils ont vécus. « Ce sont des images extrêmement violentes et ça happe continuellement le patient », explique-t-elle.
Certains vivent une dissociation traumatique. « Autrement dit, vous êtes en face de la personne, mais elle n’est pas là, elle est prise dans ses souvenirs de la violence », indique Marie-Caroline Saglio-Yatzimirsky.
La plupart sont extrêmement fatigués, car ils ont peur de dormir, hantés par les cauchemars, relate la psychologue.
Chez ces personnes, surtout celles qui ont subi de la torture, le sentiment de menace et l'angoisse sont perpétuellement présents.
Marie-Caroline Saglio-Yatzimirsky raconte que plusieurs réfugiés ont le syndrome d’évitement, c’est-à-dire qu’ils veulent s'éloigner des événements qu’ils ont vécus et font tout pour éviter les éléments qui pourraient leur rappeler ces souvenirs, que ce soit des odeurs ou même des couleurs.
« Je vois surtout des personnes qui sont dans un état de vulnérabilité très forte parce qu’une partie [d'entre eux] vit dans la rue », affirme la psychologue.
Selon elle, 40 % des demandeurs d’asile en France souffrent d’un traumatisme psychologique.
La voix des réfugiés
Dans son livre La voix de ceux qui crient : rencontre avec des demandeurs d’asile, Marie-Caroline Saglio-Yatzimirsky se fait la porte-parole de ceux qui sont venus chercher asile en France. « On les traite beaucoup en termes de flot, ce sont "les migrants", on en fait une question de chiffres », déplore-t-elle.
Elle a l'impression que beaucoup de Français vivent dans le déni, qu'ils ne veulent pas voir la souffrance des réfugiés.
Je ne connais pas, dans ma consultation, quelqu’un qui serait parti de gaieté de coeur et qui l’aurait souhaité comme un projet de vie. On part parce qu’il faut partir et qu’on n’a plus le choix, et souvent, on part en laissant les siens, et l’angoisse qui nous prend est terrible.
En complément :
Vos commentaires
Veuillez noter que Radio-Canada ne cautionne pas les opinions exprimées. Vos commentaires seront modérés, et publiés s’ils respectent la nétiquette. Bonne discussion !