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Avec Martine Blanchard
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Le premier ministre Blaine Higgs, en janvier 2021.
Photo : Radio-Canada
Le gouvernement de Blaine Higgs entame cette année la révision de la Loi sur les langues officielles au Nouveau-Brunswick. Ce processus doit être terminé d'ici la fin de l'année et a lieu chaque décennie. Les francophones de la province ont rarement l'occasion d'entendre le premier ministre s'exprimer sur le sujet des langues officielles.
Le 19 janvier, M. Higgs a longuement discuté du sujet lors d’une entrevue avec Martine Blanchard, animatrice de La matinale. Le premier ministre est unilingue anglophone. Voici donc la traduction de cette entrevue dans son intégralité.
Officiellement, on l’a entamé il y a seulement quelques semaines. En ce qui a trait de conclure le processus en 2021, il y a eu un certain nombre de choses qui ont retardé nos progrès au cours de l'année dernière. Je sais que cette discussion n’est pas pour parler de la COVID-19, mais malheureusement, cette maladie a affecté de nombreuses choses que nous avons essayé d'accomplir en temps voulu. Je suis toujours optimiste quant à la possibilité de mener à bien ce processus et de le faire en un an. C'est notre objectif d’y arriver d'ici la fin de cette année.
Personne ne devrait s'inquiéter. Je n'ai pas d'idées préconçues ou de concepts préconçus sur ce qui va résulter du processus de révision. Nous le faisons évidemment sous un différent format en raison de la COVID. Ainsi, avec deux commissaires, nous voulons une pleine participation, nous voulons que la population vienne et fasse connaître ses points de vue et qu'il y ait une bonne conversation entre les commissaires qui rédigeront un rapport de recommandations basé sur ce qu'ils ont trouvé.
Je pense que personne ne devrait s'inquiéter d'un changement de direction, car il n'y a aucune intention préalable de ma part. Je n'ai pas de conclusion définie d'aucune sorte. J'espère simplement que nous pourrons avoir des discussions ouvertes et franches avec des personnes qui ont un intérêt direct envers la réussite de notre province.
C'est un bon point, Martine. Normalement, ce serait le cas. Cependant, je me souviens d'une des premières réunions que j'ai eues avec un président de la New Brunswick Teachers Association concernant le nombre de changements apportés au système anglais. Je pense que c'était comme 37 changements en 35 ans ; quelque chose comme ça. Pourtant, nous avons toujours de la difficulté. Je trouve que le système francophone fait un bien meilleur travail en termes d'orientation, de gestion des changements de programmes et certainement en sa capacité à enseigner les deux langues officielles et les résultats.
J'espère que nous pourrons tirer des leçons du système francophone et que nous pourrons nous améliorer dans le système anglophone afin de pouvoir relever les défis auxquels nous faisons face en tant que société. J’espère que nos enfants obtiennent leur diplôme d’études secondaires qui leur donne les compétences pour qu’ils deviennent ce que nous leur demandons d'être.
Pour moi, si le fait est que nous sommes une province bilingue, nous devrions tous en profiter pleinement. Nous devrions tous profiter des avantages que nous procure le fait d'être la seule province bilingue du pays. Et c'est pourquoi, pour moi, l'éducation est un élément clé. Nous devons sortir le gouvernement de ces changements.
L'une des différences fondamentales que j'ai apprises des systèmes francophone et anglophone, c’est que le système francophone s'approprie les résultats et travaille avec les enseignants pour développer un nouveau programme d'études.
Pour une raison ou une autre, les gouvernements successifs ont constaté qu'il était nécessaire de mettre la pagaille dans le système éducatif. Je tiens à être très clair, je n'ai absolument aucun désir, aucune envie ou intention de mettre la pagaille dans le système francophone de quelque manière que ce soit. J'espère que nous pourrons tirer des leçons de leur succès et que nous pourrons développer de nouveaux programmes et une autonomie pour le système anglais afin que le gouvernement sorte de tout ça.
Eh bien, les précédentes ont été placées sous la tutelle du ministère de l'Éducation et pourtant nous continuons à avoir de la difficulté. Je pense que le processus dans lequel je m'engage est vraiment un processus qui pourrait résister à l'épreuve du temps d'un gouvernement à l'autre. Je cherche toujours la cause profonde de toute question ou de tout débat.
Au Nouveau-Brunswick, après 50 ans, nous devrions fonctionner comme une société entièrement bilingue sans aucune lacune dans notre système d'éducation ou dans notre capacité à fonctionner dans les deux langues. Pour une raison quelconque, nous sommes incapables de le faire, et ce, même si nous aurions des exemples en Europe et dans le monde entier qui auraient plusieurs langues et y arriveraient avec beaucoup de succès. Je dois donc dire : « Bon, nous n'avons pas réussi, comment créer un nouveau mode, comment faire participer tout le monde à la solution »? C'est tout ce que j'essaie de faire, c'est d'en faire un sujet de discussion.
Je suppose que lorsque je dis que moins de 50 % de nos enfants obtiennent leur diplôme dans le système anglophone dans les deux langues officielles et que nous devons pourtant fournir le service - c'est notre obligation et notre devoir et nous le ferons - dans les deux langues officielles dans la province. C'est donc l'objectif. Lorsque vous commencez et terminez vos études pour une grande partie de votre population qui ne peut même pas atteindre cet objectif, vous vous dites « Bon, d'accord, comment allons-nous remédier à la cause du problème »? Si, je pense au système francophone qui permet à 95 % des élèves d'obtenir leur diplôme dans les deux langues, pourquoi ne pouvons-nous pas le faire dans le système anglophone?
Nous avons différents scénarios où vous entendez ça de différentes professions. Je voudrais dire que dans le cadre de cette analyse ou de cet examen par les commissaires, il y aura probablement des personnes qui présenteront des cas et qui diront : « Voilà ce qui m'est arrivé ». N'ayons pas peur d'en parler parce que c'est ce qui nous aide à nous améliorer. Cette façon de faire a toujours été un modèle pour moi. Ayons des discussions franches et ouvertes et trouvons des moyens de faire mieux. Une des choses que nous avons apprises grâce à la COVID, c'est à quel point nous pouvons être bien ensemble. Je sais que nous sommes dans une mauvaise passe en ce moment, et je suis sûr que nous pouvons la dépasser, c'est ce que j'essaie de faire dans d'autres domaines. Ayons des discussions ouvertes et franches et permettons aux gens d'exprimer leurs préoccupations afin que, s'il y a des informations anecdotiques, elles ressortent telles quelles.
Je pense que nous voulons entendre tous les citoyens intéressés, mais je ne sais pas pour l'instant comment on fera pour que cela devienne réalité ni combien de personnes pourront participer. Nous avons eu plus d'un millier de personnes qui ont participé dans le passé sous une forme ou une autre à des présentations ou à des séances d'information. Je m'attend à un tel niveau de participation ou à un niveau plus élevé, mais je veux entendre le Néo-Brunswickois moyen, de n'importe quelle collectivité ou de n'importe quelle région de la province.
Mon objectif, Martine, n'est pas d'abaisser les normes actuelles. Ce n'est pas mon but. Mon but est simplement de comprendre les défis auxquels nous sommes confrontés. Je sais que nous sommes en concurrence avec les grandes provinces dans la manière dont nous fournissons nos services. Je veux que les personnes qui obtiennent leur diplôme vivent et restent au Nouveau-Brunswick. Pour ma part, je ne suis pas le seul à vivre ça, mais la moitié de ma famille vit ailleurs. Ça arrive à toutes les familles de la province. Nous avons constaté un changement dans le déplacement démographique du nord vers le sud, il y a des choses que nous pouvons faire en tant que gouvernement pour aider à stimuler l'économie dans le nord.
La connectivité est l'un de ces grands problèmes. Il s'agit de savoir comment nous pouvons faire croître notre économie pour que les gens trouvent des expériences et un avenir ici même au Nouveau-Brunswick. Lorsque j'ai obtenu mon diplôme, il y a bien des années de ça, plus d'années que je ne peux en compter, je n'ai même pas pensé à quitter le Nouveau-Brunswick. Ce n'était même pas dans mes intentions et cela me fait vraiment mal quand j'entends quelqu'un dire « Eh bien, vous devez aller ailleurs au pays pour réussir ». Je ne crois pas ça. Je crois que c’est une façon de penser. Notre façon de penser a changé durant la COVID. Nous croyons en nous. Les résultats le démontrent. Je veux élargir cette attitude pour aller vers une direction élargie afin d’accomplir plus de choses ici au Nouveau-Brunswick.
Oui. C'est pourquoi j'en fais non seulement une révision conformément à la loi, mais je l'élargis pour y inclure deux parties. Je comprends que le volet éducation ne fait pas partie de la loi, il n'y a pas de confusion à ce sujet et je comprends l'objectif de la loi en ce qui concerne le respect des deux langues officielles et la prestation de services dans les deux langues officielles. La loi est claire sur tout cela et elle est claire sur l'examen. Je ne remets pas tout cela en question. C'est dans ce sens que nous faisons l'examen. Maintenant, l'autre aspect que j'ai ajouté, je sais qu'il ne fait pas partie de la loi, il est sous l'éducation. Cependant, pour moi, c'est comme si je me demandais comment améliorer notre performance pour que nous n’ayons pas cette discussion pour les 25 prochaines années. Parce que nous avons une province qui répond à nos exigences officiellement, mais plus important encore, qui reconnaît socialement la valeur qu'elle apporte.
Je suppose que cela dépend du segment que vous regardez par rapport à notre obligation de parler les deux langues officielles ou de fournir des services dans les deux langues officielles. Vous pouvez examiner différentes catégories et vous demander si nous offrons le même niveau de service. J'ai entendu dire, à propos du secteur de la santé, que peu importe si un patient se rend au CHU Dumont à Moncton ou à l’hôpital de Saint-Jean, il peut obtenir le service dans la langue de son choix et il en est très satisfait.
Je pense qu'il y a des catégories où nous nous en sortons très bien et d'autres qui pourraient probablement être renforcées et je pense qu'une partie de l'objectif de cette révision est de comprendre où devraient être les prochaines étapes. Ce qui sous-tend tout cela, c'est que nous devons tous être capables de relever ces défis ensemble, en tant que société dans son ensemble, et c'est pourquoi je reviens à l'éducation. Nous avons besoin du taux de réussite de 95 % que nous constatons dans le système scolaire francophone. Et je considère que c'est réalisable parce que nous avons un chemin à suivre en ce qui concerne la manière d'y parvenir.
Eh bien Martine, j'ai l'impression que ma prononciation s'est nettement améliorée. Je fais mes présentations et mes discours dans les deux langues officielles et je me sens très à l'aise avec la lecture en termes de compréhension par l'écrit. J'ai des difficultés à comprendre et à répondre lors d’entrevues par contre. Cette partie me pose problème et je pense que ce n'est dû à l'âge parce que c'est plutôt un exercice social.
Vous savez, quand mes enfants ont tous suivi le programme d'immersion française, c'était un programme très académique : des maths, des sciences et une deuxième langue. C'était bien, mais ce n'était pas amusant. Ce que j'ai appris de mon passage dans le monde politique, en particulier lorsque j'ai fait visiter les quatre coins de la province à mes enfants, et plus encore dans les opportunités politiques, c'est qu'il existe une société dynamique dans le monde social qui aide les gens non seulement à se sentir à l'aise, mais aussi à faire partie d'une culture très forte qui est passionnante à avoir dans notre province. C'est la partie qui, à mon avis, nous a échappé dans notre côté éducatif. Nous ne vivons pas ce que les Néo-Brunswickois ont à offrir dans le cadre d'une expérience culturelle différente. À bien des égards, c'est une triste réalité, mais nous devons trouver un moyen de l'améliorer.
C'est une bonne question. C'est pourquoi la révision a lieu tous les dix ans. Il s'agit de procéder à cet examen, de recueillir les avis de la population et de faire des recommandations au gouvernement sur les prochaines étapes. Encore une fois, je n'ai pas d'idées préconçues. Ce sera le résultat de l'examen, nous évaluerons les recommandations et partirons de là.
Oui, c’est mon intention. Au cours des prochaines semaines, nous espérons trouver des commissaires et qu’ils soient en place. C'est aussi un processus. J'ai dit que j'aimerais avoir une idée de l'étendue de l'expérience que quelqu'un pourrait apporter à la table. Je suis intéressé d’entendre les personnes qui écoutent parce que ce qu'elles apprennent de personnes de toute la province, donc elles ne viennent pas avec des idées préconçues. Elles viennent avec la capacité d'écouter, d'apprendre et d'élaborer des recommandations ou une voie à suivre grâce à cela. Nous voulons que les deux commissaires aient l'esprit très ouvert. C'est un processus que nous allons suivre au cours des prochaines semaines.
Merci à vous Martine. J’apprécie cette opportunité.
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