
Laissez-nous raconter : L’histoire crochie
Les Premiers Peuples reprennent le bâton de parole pour raconter leur vision de l'histoire.
11 éléments, 4 h 34 min
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Avec Jacques Beauchamp
Du lundi au jeudi de 20 h à 20 h 30
(en rediffusion le samedi à 00 h 30)
Harmonium sur la scène du club Starwood, à San Francisco, en octobre 1978
Photo : Office national du film du Canada
À l'automne 1978, une minitournée du populaire groupe rock aux États-Unis fait patate lorsque le camion transportant ses instruments s'égare sur la côte ouest. C'est un premier rêve de René Lévesque qui s'envole : celui de mettre en valeur la culture québécoise au sud de la frontière et de susciter l'appui des jeunes Américains à la cause nationaliste. La journaliste Nathalie Petrowski explique à Jacques Beauchamp que cette mésaventure témoigne à la fois des rêves d'une génération et des difficultés de chanter en français en terrain anglophone.
À la fin de 1978, la chanson québécoise est en plein essor, la ferveur nationaliste atteint des sommets, et Harmonium est le groupe de l’heure.
À l’occasion d’une semaine culturelle dans la ville universitaire de Berkeley, le ministère des Affaires intergouvernementales du Québec organise une mission. Il s’agit d’une entreprise de séduction visant à calmer les inquiétudes américaines quant à l’imminence d’un référendum sur la souveraineté du Québec.
Harmonium est le clou de cette mission, à laquelle participent également Pauline Julien, Monique Mercure, Michel Garneau ainsi que René Lévesque en personne.
Âgée de 24 ans, Nathalie Petrowski se rend en Californie pour couvrir l’événement pour le compte du Devoir.
C’était le groupe de l’heure. Il y avait Beau Dommage, aussi, à cette époque, mais Beau Dommage, c’était Montréal. La jeunesse des années 1970, c’était Harmonium.
À l’approche du premier concert prévu, c’est la panique : le camion transportant les instruments d’Harmonium, pour une valeur d’un demi-million de dollars, s’est égaré dans les environs de Salt Lake City.
La formation refuse de jouer sur d’autres instruments que les siens, malgré l’insistance de son gérant. Le concert de Berkeley est annulé. La déception est palpable dans le camp des musiciens comme dans celui du premier ministre.
Ils auraient pu louer [des instruments], quand même! Ce n’est pas comme s’il n’y avait pas d’instruments à Berkeley ou à San Francisco. […] Il y avait plein de musiciens! Ça, c’était leur côté puriste, leur côté un peu jusqu’au-boutiste : "Non, non, on veut nos instruments parce qu’on veut jouer dans des conditions optimales et on ne peut que le faire avec nos instruments."
Harmonium peut finalement se produire dans une boîte de nuit de San Francisco, mais l’effet n’est pas le même. Le concert est réussi, mais au lieu d’un public étudiant, le groupe joue pour un public bigarré, surtout composé de gens ayant reçu des billets de faveur. La prestation reste sans suite.
Nathalie Petrowski se souvient avoir trouvé beau le rêve d’Harmonium et de René Lévesque de faire éclore la culture québécoise aux États-Unis. Selon elle, ce voyage raté démontre la difficulté de réaliser ce rêve sans faire deux compromis majeurs, soit accepter de chanter en anglais et de ressembler aux artistes américains.
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