
Laissez-nous raconter : L’histoire crochie
Les Premiers Peuples reprennent le bâton de parole pour raconter leur vision de l'histoire.
11 éléments, 4 h 34 min
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Avec Jacques Beauchamp
Du lundi au jeudi de 20 h à 20 h 30
(en rediffusion le samedi à 00 h 30)
Portrait de Giacomo Girolamo Casanova réalisé vers 1760
Photo : Raphaël Mengs
Homme de lettres et du monde, aventurier, fin gourmet, brillant causeur, aussi un peu escroc et manipulateur... Des 5000 pages d'Histoire de ma vie, l'autobiographie massive qui a établi la réputation sulfureuse de Giacomo Casanova, seulement un cinquième traitent de ses conquêtes amoureuses. Le reste fait part de voyages rocambolesques, lors desquels il a côtoyé Voltaire, Rousseau et Catherine II de Russie, et décrit en détail l'Europe des Lumières. Pascal Bastien, professeur d'histoire, explique à Jacques Beauchamp que cet homme épris de plaisir cherchait d'abord à approfondir son savoir.
Giacomo Casanova naît à Venise en 1725 dans une famille de comédiens qui remarque très tôt sa vive intelligence. À 12 ans, il entreprend des études en droit, en chimie, en mathématiques et en philosophie, et il obtient son doctorat de droit canon à 17 ans.
Incertain quant à sa vocation, il entre dans les ordres et devient même abbé. Il travaille ensuite pour un cardinal qui lui ordonne d’apprendre le français. Finalement, l’Église le chasse pour libertinage.
C’est un esprit turbulent, à coup sûr. L’Italie du 18e siècle et Venise en particulier n’aiment pas beaucoup les esprits turbulents; c’est la raison pour laquelle il a dû émigrer à quelques reprises de sa ville natale et de sa ville chérie, par ailleurs. Mais c’est un anticonformiste – ce que Daniel Roche appelait un irrégulier de la culture : quelqu’un qui est curieux, cosmopolite, voyageur, francophile jusqu’au bout des doigts, et qui est d’une remarquable intelligence, et fort d’une solide formation intellectuelle.
Casanova fait son premier séjour à Paris à la fin de la vingtaine, apprenant les mondanités d’usage dans les grands salons, où il se distingue non pas pour sa beauté toute relative, mais bien pour son élégance presque efféminée et sa facilité à converser. Il porte des habits lustrés, un visage poudré, une tabatière en diamant ainsi qu’une montre à gousset en or. Ses fréquentations ne sont toutefois pas que dans la haute société : il fréquente aussi les bas-fonds.
De retour à Venise, il est emprisonné une première fois à 31 ans, soit pour libertinage, pour escroquerie ou pour franc-maçonnerie. Il s’évade après 15 mois en perçant les toits et en fuyant ensuite par gondole. Forcé de quitter sa ville natale, il retrouve Paris. Au fil de ses rencontres avec des gens haut placés, il invente la loterie royale de France, qu’il souhaite d’abord basée sur des syllabes, et non des chiffres.
Au cours des années 1760, il enfile les voyages (Allemagne, Pologne, Russie, Pays-Bas, Angleterre, Espagne) et les conquêtes amoureuses, adoptant de nouvelles identités en cours de route. C’est à ce moment qu’on lui prête diverses escroqueries, notamment auprès de veuves en moyens. Il se bat également en duel contre un comte polonais.
Vieillissant, il se consacre à l’écriture. Il publie, officiellement ou à petits tirages, des romans, le récit de son évasion de prison, un traité sur l’égalité des femmes, son abondante correspondance ainsi que la célèbre autobiographie qui lui permet de passer à la postérité.
Selon Pascal Bastien, si ce dernier ouvrage a aussi longtemps été censuré, c’est parce que ses passages grivois évoquent également le plaisir féminin. À son avis, l’intérêt de cette œuvre est à la fois littéraire et historique.
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