
Laissez-nous raconter : L’histoire crochie
Les Premiers Peuples reprennent le bâton de parole pour raconter leur vision de l'histoire.
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Avec Jacques Beauchamp
Du lundi au jeudi de 20 h à 20 h 30
(en rediffusion le samedi à 00 h 30)
Paul Gauguin contemplant l'une de ses toiles en 1895.
Photo : Getty Images / Hulton Archive
Avec Cézanne et Van Gogh, il forme le trio d'artistes ayant eu la plus grande influence sur la peinture 20e siècle. Ses pulsions créatrices et son constant besoin de renouveau l'ont amené de l'impressionnisme classique, axé sur la représentation, au synthétisme, basé sur la mémoire et les sentiments, ainsi que des mers du monde à Tahiti, puis de la peinture à la sculpture. Ses textes publiés dans des revues d'art ont aussi fait école. Daniel Drouin, conservateur de musée, raconte à quel point Paul Gauguin s'est contraint à une vie de misère au nom du droit de tout oser.
Né en 1848 dans une famille mi-française, mi-péruvienne, il passe une partie de son enfance à Lima, après un dur voyage au cours duquel son père meurt. La seconde partie de son enfance se déroule à Orléans, dans la famille de son père. Le faciès du jeune Gauguin trahit ses origines sud-américaines. Toute sa vie durant, dans la société européenne très homogène de l’époque, il sera ostracisé.
À 17 ans, il joint la marine marchande et passe une décennie à courir le monde. Suit sa période « rangée », marquée par le mariage à une femme d’origine danoise, la naissance de cinq enfants, la vie dans un appartement parisien bourgeois et la pratique du métier d’agent de change.
Il fait la connaissance du maître impressionniste Camille Pissarro, qui l’introduit à la peinture. Il en apprend les techniques, suit Pissarro dans ses tournées et construit sa propre collection d’œuvres d’art.
Son mariage, sa vie professionnelle et son intérêt pour l’impressionnisme finissent par s’étioler. Sentant le besoin de fuir pour donner un sens à sa vie, il s’établit en Bretagne dans la seconde moitié des années 1880.
Il y fait la rencontre de jeunes peintres comme Émile Bernard et Paul Sérusier, qui s’identifient au synthétisme. Ce mouvement préconise la suppression de tout ce qui n’a pas été mémorisé au profit de la symbolique et des sentiments, de même qu’une palette restreinte de couleurs et l’absence de profondeur. Gauguin épouse entièrement les idées de cette école.
Lorsqu’il peint, durant les années 1870-1880, en Europe, c’est en plein l’époque de la peinture officielle, des salons officiels. [La peinture] est une reproduction fidèle de ce que l’on voit, c’est une photographie. Gauguin et ses adeptes sont aux antipodes de ça. C’est une des raisons pour lesquelles il ne vend pas de tableaux, n’est pas exposé, est refusé dans les expos, est boudé, n’a pas de critiques. C’est la raison pour laquelle il vit misérablement toute sa vie.
En 1891, il part pour Tahiti, où il découvre une lumière et une végétation qui l’inspirent. Son utopie d’une vie simple, quasi primitive se bute à la réalité coloniale, mais la population locale adopte cet homme qui n’est pas venu pour s’enrichir. Lui n’hésite pas à entrer en concubinage avec des adolescentes, comme l’autorise apparemment la tradition tahitienne.
Cette période, durant laquelle il vit également aux îles Marquises, est sa plus productive. Il peint plusieurs tableaux inspirés de légendes polynésiennes, de même que D’où venons-nous? Que sommes-nous? Où allons-nous?, considéré comme son chef-d’œuvre.
La vie est toutefois loin d’être facile : il a maille à partir avec les autorités polynésiennes, il manque d’argent, il apprend la mort de son unique fille et rate un suicide.
Il termine finalement ses jours aux îles Marquises en 1903.
Entre 2015 et 2018, les six tableaux de Paul Gauguin soumis aux enchères publiques dans différents endroits du monde ont récolté un total de 400 millions de dollars.
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