Homard : les usines acadiennes ne sont pas toutes facilement achetables, selon un expert
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L'industrie des fruits de mer des Maritimes, particulièrement celle du homard, est dans la mire d'investisseurs étrangers, mais les usines ne sont pas toutes facilement achetables, selon l'économiste Pierre-Marcel Desjardins.
Un texte de Pierre Philippe LeBlanc
Au moins une dizaine d'usines de fruits de mer ont été achetées ou construites dans les Maritimes par des investisseurs asiatiques au cours des cinq dernières années seulement.
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Toutefois, les investisseurs étrangers auraient de la difficulté à acheter toutes les usines locales, estime Pierre-Marcel Desjardins, professeur à l’École des hautes études publiques et à la Faculté des arts et des sciences sociales de l’Université de Moncton.
On a quand même des entreprises, par exemple une coopérative ou des usines qui sont la propriété de communautés [autochtones], explique Pierre-Marcel Desjardins. Donc, quand on a des coopératives, quand on a des communautés qui sont propriétaires de ces usines, ça stabilise la propriété locale. Et donc ça devient beaucoup plus complexe pour des étrangers d’en faire l’acquisition et d’en prendre le contrôle.
Des usines changent de mains, mais non les permis de pêche, qui restent aux pêcheurs. Les règles sont quand même très claires. On ne peut avoir de propriétés étrangères qui prendraient un permis de pêche
, rappelle Pierre-Marcel Desjardins.

Deux aspects de l’achat d’usines par des investisseurs étrangers restent préoccupants, explique l’économiste. Il y a d’abord une crainte que le nombre de propriétaires d’usines diminue.
Dans ce cas-là, c’est que les acheteurs détiendraient un pouvoir qui pourrait faire en sorte que le prix diminuerait pour les pêcheurs. C’est une crainte, mais ce n’est pas automatique que ça va s’avérer
, affirme M. Desjardins.
Des propriétaires étrangers pourraient aussi être tentés de déménager les activités de transformation dans un autre pays où la main-d’oeuvre serait moins coûteuse.
Ce n’est peut-être pas aussi facile avec les fruits de mer, le homard ou d’autres produits de la mer que si on fait des tables ou des chaises, mais c’est quand même une crainte qui existe, cette délocalisation-là qui [entraînerait] une réduction d’emplois dans la région
, ajoute Pierre-Marcel Desjardins.