« Mon chef m'a demandé d'arrêter de travailler, ma famille m'a demandé, mais je suis médecin, c'est ce que je fais, c'est ma passion », lance la Dre Paula Cleiman. Enceinte, la Torontoise a néanmoins continué de travailler durant les premiers mois de la pandémie et jusqu'au mois d'août au University Health Network (UHN) de Toronto.
Ce n’était pas juste de laisser mes collègues tout seul. J’ai des collègues qui sont âgés et qui travaillaient, donc je voulais continuer à aider
, ajoute la médecin. C’est dans la solidarité que les employés du réseau ont attendu l’arrivée en trombe du virus en Amérique du nord. Quand les décès ont commencé à s’accumuler, spécialement en Italie, on avait vraiment peur. On se demandait: “Est-ce que c’est ça qui va arriver au Canada?”
dit-elle.
Bien que certains scénarios se dessinaient, le virus était encore méconnu. Les informations qui changeaient à chaque semaine me faisaient peur en tant que médecin. On ne savait pas le mode de transmission du virus
, mentionne la Dre Paula Cleiman.
Une attention à la santé mentale
Au cours de la dernière année, la Dre Dawn Lim, la collègue de la Dre Paula Cleiman, porte attention à la santé mentale des professionnels du milieu de la santé. Le suicide de la Dre Karine Dion, une urgentologue québécoise qui s’est éteinte en janvier 2021, a secoué l’équipe de la Dre Dawn Lim, à Toronto.
C’était très difficile pour mon équipe et j’ai réalisé que le silence en médecine était dangereux
, observe la Torontoise. Selon la Dre Dawn Lim, l’image super-héroïque du médecin ne laisse pas de place à l’aide. L’aide est considérée comme une faiblesse, mais l’ironie est que parler de nos besoins est plus courageux que de garder notre silence
, souligne l’urgentologue.
La culture de la médecine est basée sur la honte
, pense la Dre Dawn Lim. On dit ou on pense que si on a peur, on est mauvais, on est stupide, on est faible, on est parraisseux
, confie l’urgentologue.
Place à la vaccination
Après huit mois de congé de maternité et de télétravail, la Dre Paula Cleiman sera de retour au travail au cours des prochains jours pour vacciner la population. L’urgentologue a aussi eu la première dose d’un vaccin. J’étais vraiment excitée de l’avoir, j’avais quelques larmes. On voit la lumière au bout du tunnel
, exprime Dre Paula Cleiman.
L’urgentologue juge que la vaccination s’est faite trop lentement. J’espère que maintenant on va procéder plus rapidement et qu’on finir de vacciner la population cet été
, affirme l’urgentologue au UHN.