Notre rapport avec les aînés est-il le bon ? Notre façon d'aborder la question du vieillissement est-elle juste ? Martine Lagacé, professeure à l'Université d'Ottawa, et chercheuse sur le vieillissement, se désole qu'on ait mis tant de temps à réagir face à la situation dans les résidences pour personnes âgées, et incite à revoir notre façon de diviser les générations.
Selon Martine Lagacé, la crise n’a fait que mettre en évidence une situation qui montrait déjà de grands signes du vulnérabilité, tant au niveau des ressources humaines, qu’au niveau de l’équipement.
Ayant passé les derniers mois à évaluer les ravages du virus avec ses collègues, elle s’est vite rendue compte que les endroits les plus durement touchés étaient là où résidaient des personnes de plus de 70 ans évoluant dans des conditions fragiles.
Même si des efforts sont aujourd’hui annoncés, elle s’indigne qu’on ait mis tant de temps pour se mettre au travail, alors que ces endroits-là auraient dû être les premiers à être protégés.
« C’est déplorable qu’on ait dû assister à des choses vraiment atroces dans ces centres-là pour dire que là maintenant ça devient une priorité »
Cependant, alors qu’on a souvent présenté la crise comme une analyse de personnes âgées, Mme Lagacé nous met en garde contre une certaine forme d'âgisme. D’une part, elle insiste sur le fait que, contrairement à notre perception, une bonne partie des porteurs de virus ont moins de 60 ans, et d’autre part, nous rappelle qu’un groupe de « 70 ans et + » est loin d’être homogène, prenant en exemple certains de ses collègues de 71 ou 72 ans.
Les personnes âgées ne sont pas toutes vulnérables, et pour elle, la crise est l’occasion d’une grande introspection: Il faut profiter du moment pour renouer les ponts entre les générations, et se rendre compte à quel point perdre un aîné signifie perdre une partie de notre histoire.
« C’est le temps de revoir notre solidarité générationnelle (..) à condition que les engagements des gouvernements, et aussi de la population, se transforment en gestes. »
Des paroles pleines de sagesse, et qui ne riment pas forcément avec vieillesse.