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Lettre au Père Noël de la part de la francophonie ontarienne

Un homme sourit devant un micro de radio.
Martin Normand, chercheur postdoctoral à la Chaire de recherche sur la francophonie et les politiques publiques à l'Université d'Ottawa.PHOTO : Radio-Canada / André-Philippe Sauriol
Publié le 19 décembre 2018

Devant les nombreux défis auxquels est confrontée la communauté franco-ontarienne, notre chronique, Martin Normand, y va d'une solution de dernier ressort, une lettre au Père Noël.

1. Cher Père Noël,
Soit tu nous niaises, soit il y a un problème dans ton algorithme. Ça fait longtemps que les francophones de l’Ontario sont sages. Et pourtant, au lieu de les récompenser, ils se sont fait passer un sapin aussi gros que celui dans le lobby de Queen’s Park.

  • Dois-je te rappeler qu’on a fini 2017 avec une désignation du caractère bilingue de la ville d’Ottawa sans conséquences et un projet d’université dont le financement n’était pas tout bouclé.
  • On finit 2018 avec deux gros morceaux de charbon dans notre bas de Noël.

Les francophones en ont assez d’être sages : regarde où ça les mène. Ils deviennent plutôt perturbateurs. Au lieu, ils vont se faire voir et se faire entendre dans les couloirs, dans les rues, sur le Web et peut-être devant les tribunaux.

2. Au-delà de cette mise en garde, voici quelques suggestions

  • Casse-toi pas la tête, ils peuvent prendre un gros chèque pour l’Université de l’Ontario français, pour la financer à la hauteur de ses besoins et de ses aspirations. Dyane Adam t’a demandé la même chose devant un comité parlementaire la semaine passée.
  • Tu pourrais aussi être généreux avec le nouveau ministère des Affaires francophones – lui aussi mérite plus de ressources maintenant qu’il a retrouvé son statut.
  • Des fois, les gestes comptent tout autant que l’argent. Alors, tu pourrais inciter le gouvernement à rétablir l’indépendance totale du Commissariat aux services en français. Paraît que ça coûte presque rien.
  • Tu pourrais aussi donner des ampoules fluocompactes au cabinet Ford : ça coûte moins cher, c’est un geste environnemental simple, et ça lui permettrait de retrouver la lumière.
  • Et finalement, un rouleau de Teflon, pour que l’on en entoure nos institutions à la veille de coupures supplémentaires dans l’appareil gouvernemental. Fais vite, parce que les conseils scolaires sont les nouvelles victimes. Du Téflon, il y en a sur Amazon. Avec Prime, ça devrait arriver à temps.

3. Il faut aussi penser à ceux qui sont à l’avant-plan de la résistance. Ils auront tous besoin d’une bonne dose d’énergie et de résilience, de glucosamine et d’échinacée.

  • Je pense à Amanda Simard qui fait l’objet de reproches et d’attaques à peine voilées de ses anciens collègues conservateurs. Donne-lui ce qu’elle veut, quitte à ce qu’on se parte une page de financement participatif. Une pensée aussi aux autres députés franco-ontariens qui répliquent au quotidien au gouvernement conservateur.
  • Je pense aux organismes porte-parole. Eux aussi prendront sûrement un chèque et aussi des démonstrations d’appui. T’ajouteras une boîte de crayons de couleur, pour qu’ils continuent leur travail d’une meilleure représentation de la diversité.
  • Je pense aussi à tous ceux qui se mobilisent au quotidien, qui interviennent dans les réseaux sociaux et dans les médias traditionnels. C’est un travail exigeant. Offre-leur tout un moment de répit.

4. Regardons vers le fédéral.

  • Alors que les élections approchent, les francophones veulent des gestes concrets : la mise en œuvre du Plan d’action pour les langues officielles, l’entrée en vigueur du Programme de contestation judiciaire, la modernisation de la Loi sur les langues officielles et de sa Partie VII, qui a été mis à mal par une récente décision d’un tribunal de Colombie-Britannique.
  • Parlant d’élections : souhaitons que la communauté maintienne une représentation équitable et des voix fortes au sein de la prochaine législature.
  • D’ici là, offre aux politiciens fédéraux des jeux de société. Des classiques, comme Jour de paie ou Clue. Apparemment qu’ils manquent de pions en ce moment et les Franco-Ontariens en ont assez de jouer ce rôle. Carol Jolin n’est pas le bonhomme Monopoly.

5. Et pour finir, un dernier souhaite : une bière franco-ontarienne à une piasse. Des canettes à l’effigie de la communauté distribuées à grande échelle, pour qu’il y ait des petits drapeaux franco-ontariens dans tous les frigidaires de la LCBO et des maisons de la province. Notre ami Doug ne pourra certainement plus ignorer la communauté.