Certains apiculteurs auraient perdu jusqu'à 60 % de leurs colonies au cours de l'hiver. Serait-ce la faute des changements climatiques? C'est l'une des hypothèses avancées par Anicet Desrochers, qui produit des reines à Ferme-Neuve, dans les Laurentides. « L'automne a été plus chaud et plus long, ce qui a mené les abeilles à demeurer actives plus longtemps et à se fatiguer, dit-il. Le printemps, trop froid et arrivé en retard, a aussi achevé certaines abeilles. »
Il faut toutefois demeurer optimiste, selon Anicet Desrochers : « La situation se replace présentement. Il y aura un manque d’abeilles reines, car on ne réussit pas à en produire suifisamment dans le court laps de temps dont on dispose, mais les abeilles sont résilientes, capables de se relever. » Puisque le tiers des aliments produits sur la terre dépendent de la pollinisation, il faut absolument que les abeilles demeurent nombreuses et en santé.
« Il nous faut plus d'apiculteurs au Québec. Il faut s'inspirer de la Slovénie, où l'apiculture est enseignée aux enfants du primaire. Toute une génération d'amoureux de l'apiculture va émerger et sera en mesure de bien comprendre le rôle central que jouent les abeilles dans l'agriculture. »
Comment élever des reines?
« On procède d'abord par sélection génétique, explique l'apiculteur. Il s'agit de favoriser la reproduction des sujets les plus résistants aux pressions environnementales et pathogéniques, en les inoculant dans des conditions spécifiques et propices à la reproduction. Une fois multipliés, on isole les nouveau-nés dans des conditions optimales de développement. Ensuite, on redistribue ces nouvelles reines à plusieurs apiculteurs qui en ont besoin dans leurs colonies. »
L'élevage professionnel et commercial des reines se développe depuis un peu moins d'un siècle. Ces 15 dernières années, de nouvelles techiques permettant la reproduction massive ont été développées. Le besoin de production de reines est immense à l'échelle mondiale. Les pressions environnementales poussent les producteurs à tenter de faire naître des abeilles plus résistantes aux changements climatiques ainsi qu'aux virus et aux bactéries.
À lire aussi :
« Hiver fatal pour les abeilles québécoises », dans La Presse
Le 20 mai : célébrons ensemble la Journée mondiale des abeilles