Des adolescents conscientisés à se méfier des fausses nouvelles, avec Jeff Yates
Publié le 17 février 2018
Bonne nouvelle : la prochaine génération saura démêler le vrai du faux sur Internet. À tout le moins, des écoles commencent à accueillir en classe des journalistes conférenciers pour sensibiliser les jeunes à la nécessité de se méfier des fausses nouvelles. Le journaliste Jeff Yates, spécialisé en désinformation, a mis en œuvre le programme « #30sec avant d'y croire », lancé par la FPJQ auprès des élèves du secondaire. Décryptage.
Les compétences de recherche et la capacité à identifier les bonnes sources d'information sont plus que jamais nécessaires à l'ère numérique, devant la mutliplication des fausses nouvelles propagées sur les réseaux sociaux. « Les adolescents en sont très conscients », nous dit le chroniqueur Jeff Yates, qui croit néanmoins que les écoles doivent désormais intégrer à leur programme scolaire l'enseignement d'un regard critique à l'égard de l'information qui circule en ligne.
« Notre objectif est d'inciter les jeunes à casser le réflexe de l'instantanéité, de les sensibilier à la nécessité d'attendre quelques secondes avant de publier une nouvelle qu'ils voient passer dans leur fil Facebook, le temps de se poser quelques questions de base : “D’où provient l’info? Qui la publie? Pourquoi ce média publie-t-il cela?” »
Avec une classe de cinquième secondaire de Montréal-Nord, Jeff Yates a récemment analysé une photo prise en Norvège montrant à première vue des femmes voilées dans un bus, alors qu’il s’agissait de la forme des sièges et que l’autobus était vide. Cela a permis d'aborder une question cruciale : les préjugés des gens influencent leur perception des nouvelles. Dans ce cas-ci, une personne déjà convaincue de la « surprésence » de l'islam dans la société verra tout de suite dans cette image de quoi confirmer son opinion. Or, la vigilance est de mise, car cette photographie ne montre rien de tel.
« Les fausses nouvelles ont toujours existé, conclut Jeff Yates, mais nous sommes dans une époque où elles se répandent plus vite qu’avant, à cause des réseaux sociaux. La bonne nouvelle est que nous trouvons des remèdes : les travaux réalisés par des spécialistes de la question améliorent notre compréhension du phénomène et les milieux scolaires sont de mieux en mieux sensibiliés à la question. »