Perché à 3800 m d'altitude, le lac Titicaca, situé à la frontière du Pérou et de la Bolivie, est en partie en mauvaise santé. En direct du Pérou, le journaliste scientifique Yanick Villedieu fait le point sur l'état de santé de cette merveille du monde qui fait face à des problèmes d'urbanisation galopante et de pollution de toutes les sortes.
Le lac géant de 8500 km2 est environ 8,5 fois plus grand que le lac Saint-Jean. « C’est en fait le lac navigable commercialement le plus élevé au monde », relate Yanick Villedieu. Bien qu’autour du lac Titicaca les cultures préhispaniques soient encore très vivantes, certaines régions, comme la baie de Cohana en Bolivie et la baie de Puno au Pérou, sont aux prises avec une explosion démographique importante. L’urbanisation et la pression du tourisme font en sorte que les eaux usées non traitées sont directement versées dans ces deux baies.
Xavier Lazzaro, coordonnateur de l’Observatoire binational du lac Titicaca, avec qui Yanick Villedieu s’est entretenu, est pessimiste. Selon le chercheur, qui étudie le lac depuis 1979, l’eau est devenue « cloacale » à certains endroits en raison de l’urbanisation non contrôlée. Les usines d’épuration sont soit inexistantes, soit en très mauvais état ou en panne, selon Xavier Lazzaro. L’exemple le plus criant se trouve dans la ville d'El Alto, qui se situe à une cinquantaine de kilomètres du lac, où plus d’un million d’habitants déversent leurs eaux usées directement dans la baie de Cohana, par la rivière Katari. Se rajoutent à ces problèmes d’épuration la pression du tourisme ainsi que la pollution industrielle ou agricole.
Le lac, encore en bonne santé malgré tout
Le lac Titicaca a perdu 1,50 m d’eau depuis 40 ans, et ce phénomène peut s’expliquer par deux facteurs. Premièrement, le volume d’eau qui entre par les rivières est de moins en moins important en raison des changements climatiques et, deuxièmement, il y a une augmentation de la consommation d’eau à cause de la population grandissante. Cela dit, Xavier Lazzaro se fait rassurant puisque, selon le chercheur, en dehors des deux baies en danger, le lac Titicaca reste malgré tout en bon état.