Les théories du complot sont de plus en plus présentes, notamment sur les réseaux sociaux, au point où Facebook a récemment décidé de bannir les pages en lien avec le groupe QAnon et Radio-Québec. D'un point de vue sociologique, qu'est-ce qui explique que tant de gens tombent dans le panneau?
L'enseignante en sociologie au Cégep de l'Abitibi-Témiscamingue Alexia Marucchi Foino enseigne les théories du complot à ses étudiants. C'est un phénomène qui est social, entre autres. Ils sont exposés à ça, et comme c'est un cours de que je donne en sciences humaines, je trouve que c'est important de les sensibiliser à ça. C'est intimement lié à Internet, aux médias sociaux, donc mes étudiants, c'est pour leur donner un regard critique
, explique-t-elle.
Selon elle, ces discours atteignent la cible via les réseaux sociaux puisque contrairement aux médias traditionnels, il n'y a pas de contrôle de l'information sur Internet. C'est ce qu'on appelle la dérégulation de l'information, c'est-à-dire qu'il n'y a personne pour contrôler, réguler ou censurer l'information. Ça fait en sorte que n'importe qui peut créer une nouvelle. N'importe qui peut se filmer et diffuser ça. En parallèle, n'importe qui peut tomber sur ça, ne va pas vérifier si la personne, ce qu'elle dit, est-ce que c'est vrai, est-ce que c'est faux? N'importe qui peut relayer, faire circuler ces nouvelles-là sans se soucier si c'est vrai
, fait valoir Alexia Marucchi Foino.
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Le fait que n'importe qui puisse aussi critiquer les nouvelles sur les réseaux sociaux n'est pas à négliger non plus, rappelle-t-elle. C'est quelque chose de particulier aux réseaux sociaux. Aujourd'hui, dans la section commentaires de Radio-Canada, n'importe qui peut critiquer, peu importe son expertise, peu importe ses qualifications. C'est l'opinion des gens qui va prédominer, et ça, c'est particulier.
Mais qu'est-ce qui fait en sorte que les gens choisissent de se rallier à ces théories plutôt qu'à des faits véridiques, vérifiés et appuyés? Il y a plusieurs sortes de théories du complot, souligne Alexia Marucchi Foino. Il y en a des vraiment plus farfelues que d'autres. Si on prend en exemple la pandémie actuelle, les théories du complot ont la plupart du temps l'avantage de donner une réponse simple à une réalité qui est complexe. Comprendre une pandémie mondiale, ça demande beaucoup de connaissances. Donc le complot devient une réponse plus facile, plus simple, plus abordable, d'une certaine façon.
Le clivage social n'est toutefois pas la seule explication quant à l'adhésion ou non à une théorie du complot. On n'est pas capable de dresser un portrait sociodémographique précis de qui va adhérer ou non à une théorie du complot. Souvent, on pourrait penser que moins tu as d'éducation, plus tu vas être susceptible d'adhérer à ces théories-là, mais ce n'est pas vérifiable dans la recherche, peu importe le niveau d'éducation
, affirme l'enseignante.
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