« C'est un livre qui essaye d'être emporté par sa propre fièvre, sa propre excitation. » L'autrice Clara Dupuis-Morency parle de sa première publication, Mère d'invention, parue aux éditions Triptyque (Groupe Nota bene). Inspirée par le style de Christine Angot, de Virginie Despente et de Marcel Proust, qui est au centre de sa thèse, elle propose un récit troublant sur la maternité.
Mère d'invention (Nouvelle fenêtre), Clara Dupuis-Morency, Triptyque, 13 août 2018
Extrait : « Je ne veux pas être une mère qui est toujours dans ses livres, je veux être interrompue, je veux pouvoir être dérangée, je ne veux pas qu’un enfant sente qu’il vit dans un ordre inférieur de réalité, que sa vie est contingente. Je veux qu’il se sente souverain, qu’il soit impérieux, qu’il soit insupportable. Je veux que ce soit l’écriture qui ressente les secousses du quotidien, les dérangements, la maladie, les caprices, je veux que l’écriture soit insomniaque, dépassée par la vie, qu’elle en souffre, et qu’on le sente, qu’on se dise : clairement, elle n’arrive pas à gérer, c’est trop pour elle, ça se voit que tout ça est au-dessus de ses forces, qu’elle concilie mal le travail et la famille, toujours en retard, décalée, c’est agaçant, à l’arrache, sur le bord d’une table, entre deux boires ou deux repas, dans un interstice de l’existence, c’est l’écriture qui finit par en souffrir, fatiguée, exténuée, on sent qu’il ne reste pour écrire qu’un zombie, une volonté exsangue, c’est instable, et c’est ça que je veux, qu’on dise que c’est bâclé et, pourtant, qu’on n’arrête pas de lire […]. »