Toute sa vie, Gilles Talbot aura souhaité être connu et reconnu. Lorsqu'il est mort dans un écrasement d'avion, en 1982, l'ancien impresario de Ginette Reno et de Fabienne Tibeault a laissé à ses proches l'impression d'avoir réussi dans la vie, mais pas d'avoir réussi sa vie. Avec le livre Trop-plein, son fils Martin Talbot, réalisateur notamment de la série Les Parent et du film Henri Henri, tente de donner à son père la postérité qu'il n'a pas eue. Il raconte à Marie-Louise Arsenault que le thème de la disparition traverse toutes les œuvres qu'il a produites.
Premier roman de Martin Talbot, Trop-plein s’est imposé à l’auteur pendant qu’il écrivait des pensées, pêle-mêle, au sujet de ses souvenirs. « C’est la première fois où, vraiment, je prends [la disparition de mon père] de front et que je me mets à nu dans ces histoires-là. C’est de l’autofiction, mais c’est mon histoire », dit-il.
Cadeau posthume
En entrant le nom de son père dans Google, Martin Talbot s’est rendu compte qu’il ne restait aucune trace de Gilles Talbot. « Ce livre-là, c’est un peu pour réparer quelque chose, pour faire en sorte qu’il ne soit pas disparu en vain. C’est comme si je lui donnais, après sa mort, la chance d’accéder à ce qu’il n’a pas réussi à atteindre, c’est-à-dire d’être encore connu aujourd’hui, d’être reconnu. C’est un peu un hommage que je lui fais. »
« Oui, j’ai un métier public, mais moi, quand je rentre à la maison, j’ai des amis qui sont proches. J’ai une vraie vie, je suis heureux au jour le jour et je n’aspire pas à être reconnu comme lui voulait l’être. »