Candidat au doctorat en sociologie à l'Université de Montréal, Philippe Néméh-Nombré offre en conclusion de son « Micro ouvert » sa réflexion sur l'utilisation récente du « mot en n » et sur les débats qu'elle provoque. « Tout cela tient quand même à cette question du désir d'avoir besoin de le dire et de trouver insupportable le fait, l'idée même, qu'on ne puisse pas le dire », croit le futur sociologue qui trouve cette situation intéressante.
Les études doctorales de Philippe Néméh-Nombré portent sur les relations, les tensions et les solidarités entre peuples autochtones et communautés noires en Amérique, au Canada et au Québec, à la lumière de leurs expériences distinctes et juxtaposées d’oppression et de dépossession.
Un extrait de son « Micro ouvert » :
Vous savez comme moi de quel genre de plan il s’agit quand c’est un mauvais plan, et vous savez comme quoi ou comme qui on travaille quand on travaille fort. Vous savez qui conduit les taxis et vous savez où sont les minières canadiennes. Vous savez à quel point nous sommes plus susceptibles que les Blancs d’être interpellés ou tués par les flics. Vous avez analysé, retourné dans tous les sens l’évolution des politiques migratoires racialisées, les taux d’incarcération, l’accès inégal à l’emploi et aux soins, la surreprésentation de nos familles dans les signalements à la DPJ. Vous savez qui est essentiel mais fongible, qui est essentiel mais illégal, vous savez très bien qui il vous manque dans vos salles de nouvelles et dans vos assemblées départementales, dans vos équipes de recherches et dans vos maisons d’édition.
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