Alexandre Jardin n'a plus rien à perdre dans son dernier ouvrage, Le roman vrai d'Alexandre, que son ancien éditeur qualifie de suicide professionnel. L'auteur du Zèbre fait tomber les masques en avouant avoir trompé tout le monde avec son univers fantasmé, ses mensonges répétés et sa fausse joie de vivre. Rongé par le remords, l'auteur se dévoile enfin.
Alexandre Jardin a conquis les cœurs avec ces nombreux bouquins, valsant avec des thèmes romanesques qui invitent aux rêveries. Mais pendant que ses admirateurs rêvassaient grâce à ses ouvrages, lui se morfondait. « J’ai installé un monde féerique, alors qu’à l’intérieur de moi-même, j’étais un mort-vivant, un zombie », dit-il.
« Quand vous fuyez le réel, vous dévalorisez votre propre vie. »
Ayant grandi dans une famille « de détraqués » où le mensonge régnait, Alexandre Jardin commence très jeune à ériger un univers qui serait l’antithèse au sien. « J’ai commencé à inventer le père que je n’ai pas eu, le père dont j’avais besoin », avoue-t-il. Il souhaite d’ailleurs arrêter la mascarade pour avoir une meilleure relation avec ses propres fils : « Ça dévitalise, porter un masque. [Dire la vérité] est une histoire de survie pour mes gamins et ma vie future », explique-t-il.
« J'essaye de repartir dans une vie moins fictive, plus réelle, plus sensible. J'en suis plus blessé, mais au moins, je ne mettrais pas un fusil dans ma bouche. »
Après 30 ans dans le métier, pendant lesquels il a écrit une vingtaine de romans, la superstar de la littérature française ne souhaite plus écrire de la fiction : « La seule littérature qui m’intéresse désormais, c’est la littérature du réel », affirme-t-il.
À lire : Le roman vrai d’Alexandre (Nouvelle fenêtre), Alexandre Jardin, L’Observatoire, 5 juin 2019
Note de l'auteur : « Ce livre est l’histoire de mes mensonges. Sans doute est-ce le plus risqué que j’écrirai jamais. Il m’est vital. Jusqu’où suis-je allé dans l’aveu? Je n’ai pris aucun ménagement.
Un jour, il faut bien déchirer le voile, rompre avec le comédien et coïncider avec soi. »