Le New York Times révélait le 2 mai dernier que quatre maisons d'édition américaines majeures, dont HarperCollins et Penguin Random House, n'avaient démontré aucun intérêt envers les mémoires de Woody Allen qui leur avait été proposés. Le cinéaste de Manhattan est devenu persona non grata,et ce, malgré que les accusations qui pesaient contre lui soient abandonnées. On discute de cette affaire avec Nicolas Mavrikakis et Bernard Motulsky.
La dégringolade
« La valeur commerciale de ses mémoires valait 3 millions à l’époque, mais elle ne vaut plus rien maintenant », souligne le critique d’art Nicolas Mavrikakis. Des accusations d’agressions sexuelles lancées par Dylan, la fille adoptive de Woody Allen, ont été abandonnées à la suite de deux enquêtes indépendantes. Pourtant, dans la foulée du mouvement #MoiAussi, le réalisateur a été montré du doigt et dénoncé par plusieurs personnalités et activistes.
Le risque
Bernard Motulsky, professeur au Département de communication publique et sociale de l'Université du Québec à Montréal, comprend les éditeurs qui ne souhaitent pas être associés à un personnage aussi « sulfureux ».
« Les maisons d’édition pèsent et évaluent les risques auxquelles elles s’exposent. […] Dans la foulée de #MeToo, elles ne voudraient pas devenir le symbole d’une entreprise qui prête la parole à un agresseur. »
Nicolas Mavrikakis dénonce l’hypocrisie de la société américaine, laquelle élit un président qui se vantait de pouvoir « prendre les femmes par le sexe » et, du même coup, répudie un réalisateur qui n’est pas formellement accusé. Bien qu’il soit enclin à croire la version des victimes, il croit qu’il faut se méfier de la vindicte populaire et savoir dissocier l’œuvre de son auteur.