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Une infirmière retraitée réagit au décès de Joyce Echaquan

Place publique, ICI Première
Rattrapage du vendredi 2 octobre 2020

Une infirmière retraitée réagit au décès de Joyce Echaquan

Réaction au décès de Joyce Echaquan

Bibiane Courtois
Bibiane CourtoisPHOTO : Radio-Canada / Mélissa Paradis
Place publique, ICI Première
Place publiquePublié le 2 octobre 2020

La mort de Joyce Echaquan, survenue lundi à l'hôpital de Joliette, continue de susciter la consternation dans la province. Le tragique événement a des répercussions jusqu'à Roberval, où habite l'infirmière retraitée Bibiane Courtois.


Originaire de Mashteuiatsh, elle a elle-même connu des épisodes de discrimination de la part de patients et même de patrons. Au tout début de ma carrière quand j'ai appliqué dans un hôpital pour travailler comme infirmière, on m'a dit : "On en a déjà eu deux [infirmières autochtones] puis on n'en veut pas une troisième", se rappelle-t-elle. Elle a aussi été témoin de comportements inadéquats de la part du personnel hospitalier à l’égard de certains patients issus des Premières Nations.

Elle a été profondément choquée par le traitement auquel a eu droit Joyce Echaquan, par les injures et les insultes qui ont été proférées à son endroit par des membres du personnel. Bouleversée, elle a été incapable de regarder la vidéo que la femme a mise en ligne quelques minutes avant son décès.

Les infirmières doivent être formées à l'approche avec la clientèle, que ce soit une clientèle autochtone, que ce soit une clientèle de n'importe quel endroit, de n'importe quelle couleur, de n'importe quel sexe, clame-t-elle.

Elle croit qu’il y a des manques à cet égard dans la formation de base des infirmières. Elle a fait parvenir une lettre à l’Ordre des infirmières et infirmiers du Québec en espérant qu’il y aura des changements.

« L'Ordre peut l'exiger, l'Ordre peut mettre les normes et critères de compétences à ce niveau-là et ça, je pense qu'ils peuvent agir là-dessus. »

— Une citation de  Bibiane Courtois, infirmière retraitée

Elle estime que les infirmières autochtones qui sont membres de l’Ordre des infirmières et infirmiers du Québec pourraient être mises à profit pour renseigner leurs collègues non autochtones. Bibiane Courtois soutient que c’est souvent la méconnaissance qui entraîne des comportements déplorables.

Racisme systémique

La mort de Joyce Echaquan ramène une fois de plus sur la sellette l’idée du racisme systémique envers les Autochtones. Pour Bibiane Courtois, il s’agit d’une réalité qui ne s’applique pas uniquement dans le domaine de la santé, mais qui a des racines beaucoup plus profondes. C'est quelque chose qui se transmet un peu comme une maladie contagieuse, croit-elle.

« Je pense qu'effectivement, il y a du racisme systémique, mais il faut le trouver, il faut l'identifier, il faut le voir puis ça, ce n'est pas fait. »

— Une citation de  Bibiane Courtois, infirmière retraitée

Elle espère que l’électrochoc causé par l’événement dramatique survenu à l’hôpital de Joliette ne sera pas banalisé.

J'ai tellement peur que ce soit scandaleux cette semaine puis que ça s'oublie dans deux semaines. Il ne faut pas que ça arrive. [...] Il faut qu'on se mette en action puis qu'on fasse des avancées dans ce domaine-là, avance-t-elle.

Elle affirme que chaque fois que des rapports concernant les traitements réservés aux Autochtones sont publiés, peu d’actions concrètes sont posées pour transformer les choses. Elle soutient qu’il est plus que temps que la situation évolue pour le bien-être collectif.

Il n’y a jamais des actions vraiment efficaces qui ont été mises en place. On fait les actions juste pour, comment dire, dorer la pilule, mais on ne règle jamais toutes les questions qui devraient être réglées depuis tellement longtemps, déplore-t-elle en espérant une réponse à sa lettre de la part de L’Ordre des infirmières.