Roger Ferland et Maria Mourani dévoilent les dessous de la plus grande enquête sur la prostitution juvénile au Québec dans le livre Opération Scorpion. Respectivement enquêteur pour cette opération et criminologue, les deux témoignent des effets qu'a eus cette enquête sur les services de police du Québec. Ils soulignent que pour la première fois, une enquête s'attaquait aux clients, « aux prostitueurs », comme les appelle Maria Mourani.
L’opération Scorpion a d'ailleurs été un gros tournant dans la façon dont sont désormais traitées les victimes, selon elle.
« Les victimes, on ne les considérait jusqu’alors pas comme des victimes, mais comme responsables de leur propre victimisation. »
Une autre différence avec ce qui a précédé cette opération est que les personnes impliquées étaient cette fois rarement de simples bandits. Il y avait même parfois des personnalités publiques, comme l’animateur de radio Robert Gillet, et leurs comportements ont choqué.
« Ils ont eu des comportements sexuels d’une grande perversion et d’une grande violence [...] c’était ignoble à raconter et il fallait le raconter en cour. »
Roger Ferland reste assez émotif lorsqu’il aborde cette affaire, notamment en raison des manipulations dont ont souffert les jeunes filles dans ces réseaux.
« C’est un “tue libido” solide que de voir ça. On nous raconte comment les filles ont été manipulées de façon insidieuse [par ces hommes]. On va les chercher toute petite quand on se cherche [...] quand notre estime de soi n’est pas sûre. »
Maria Mourani le déplore : « Rien n’a changé » depuis. Malgré cette enquête, très peu de « prostitueurs » sont aujourd’hui arrêtés ou ils font simplement face à des « sentences bonbon ». Toutes les victimes restent marquées par ces « tueurs d’âmes ».