« Ça fait 18 ans qu'on a repris la ferme familiale, donc 18 ans de vie de couple et de vie de ferme ensemble », souligne Anne-Virginie Schmidt, qui gère Miels d'Anicet avec son conjoint, Anicet Desrochers.
Leur ferme est située dans les Hautes-Laurentides, à Ferme-Neuve. « Tout part d’un territoire. Ce qu’on peut faire à Ferme-Neuve, c’est grâce à un territoire d’exception. Que ce soit l’élevage de reines rustiques adaptées au contexte climatique du Québec ou que ce soit des miels forestiers, issus de végétation spontanée et sauvage, tout dépend de l’endroit où on se situe. [...] Quand on goûte notre miel, on goûte les Hautes-Laurentides », explique Anne-Virginie Schmidt.
Son conjoint, Anicet Desrochers (qui a donné son prénom aux miels qu’ils produisent), est un éleveur de reines à la base. Il explique que le territoire des Hautes-Laurentides en est un encore bien préservé où poussent des plantes indigènes.
« Ces plantes étaient dans la plaine du Saint-Laurent, mais ont disparu avec les grandes cultures qui ont pris leur place. On a encore un peu un territoire qui produit des miels à l’image de ce qui était fait au Québec il y a 100 ou 150 ans. »
Au fil des années, Miels d’Anicet a multiplié les produits fabriqués à partir du miel. On ne trouve plus que le simple nectar des abeilles, mais aussi des hydromels, des sauces barbecue, des produits de beauté, du miel agrémenté de noix, etc.
« C’est une folie dans laquelle on s’est lancé sans vraiment y réfléchir. Mais aujourd’hui, on ne s’arrête jamais. Quand on a fini de récolter le miel au mois de septembre, il faut le mettre en pot, le vendre, le transformer... Il faut le promouvoir, et Anicet a le besoin d’aller dans des lieux plus chauds. Il va faire de l’apiculture à travers la planète, et je reste à la miellerie avec mon équipe », explique Anne-Virginie Schmidt.
Les abeilles meurent
Depuis une quinzaine d’années, Anicet Desrochers explique qu’il y a augmentation de la mortalité chez les abeilles. Des apiculteurs ont subi une perte de 40 % de leurs abeilles cet hiver. Miels d’Anicet n’y a pas échappé, avec une perte de 25 % de son cheptel.
« Il y a des années meilleures que d’autres. Cette année, [c'en] était une difficile. Il y a tellement de variables, c’est multifactoriel, qu’il est difficile de mettre le doigt sur une cause en particulier. »
Cependant, sa conjointe souligne que l’un des problèmes est la façon qu'ont les êtres humains de consommer. « C’est relié au modèle agricole intensif. On peut parler de monoculture, d’usage de pesticides, du modèle qui demande de la pollinisation et qui entraîne le déplacement d’abeilles sur de longues distances... »
Les changements climatiques sont aussi en cause, puisque l’automne plus chaud que l’on a connu en 2017 a engendré la mort d’abeilles. « Les abeilles vivent beaucoup plus d’usures sur les automnes qui perdurent avec des chaleurs incroyables. Le système de semi-hibernation de l’abeille est un peu chamboulé », explique Anicet Desrochers.