De la cantine Chez Ben au boulevard Taschereau dans son entièreté, les lieux kitschs parsèment le territoire québécois, passant parfois sous le radar. La nouvelle carte interactive Patrimoine Kitsch Québec les repertorie, avec moults photos surchargées à l'appui. Entrevue avec les deux amoureuses du kitsch derrière le projet, Roxanne Arsenault (alias Donzelle) et Caroline Dubuc.
La carte en ligne vise à répertorier les lieux kitsch du Québec : restaurants, bars, établissements d’hébergement et points de repère routiers. Les deux fondatrices l'ont lancée en inscrivant quelques lieux pour définir l'esthétique recherchée, puis ont lancé l'appel au public pour que chacun puisse y contribuer.
Le quétaine, c'est le mauvais goût, tout simplement. Le kitsch, quant à lui, se définit par des critères très spécifiques, précise Roxanne Arsenault :
- L'imitation de matières, de textures, d'objets;
- Le décalage des formes : une orange géante, un cornet surdimensionné, des éléphants minuscules, etc.;
- La surenchère en général : l'intensité, l'accumulation de couleurs, ce qui sature les sens;
- Les lieux immersifs, dans lesquels on rentre et on oublie notre quotidien;
- Peut s'y ajouter un élément de nostalgie, car ça réfère à des esthétiques des années 1950, 1960 et 1970.
« Le kitsch, c'est une résistance à la standardisation. »
Caroline Dubuc, commissaire au design pour la Ville de Montréal, observe que dans les années 1950-70, il y avait davantage de liberté et de folie dans les décors, qui sont devenus de plus en plus génériques. Roxanne Arsenault, qui a fait une maîtrise en arts visuels sur l'esthétique kitsch, voit en ces lieux des témoins historiques de vagues d'immigration et de certains milieux socio-économiques.