Carole, Nicole et Serge Simard de Fugèreville ne s'attendaient fort probablement pas à ce que le 45 tours qu'ils ont enregistré pour la compagnie Rusticana de Roger Miron prenne une grande valeur et soit recherché par les collectionneurs de musique rock garage du Québec à l'Europe! Et peu savent qu'une fille de cette famille témiscamienne deviendra une grande vedette pop des années 70! Un texte de Félix B. Desfossés.
De Fugèreville à Laval
La famille Simard, dont les parents sont Rémi et Jeanne d’Arc, est originaire de Fugèreville. Il semble que les parents étaient musiciens, se produisant publiquement dans le secteur. Ils auraient également ajouté les enfants à leurs spectacles à mesure que leur talent musical se développait.
C’est probablement à ce moment qu’un certain Elzéar Duquette, qui se produisait alors en tant que fakir en Abitibi (!) fait la rencontre de la famille Simard.
Quelque part au début des années 60, Rémi Simard est victime d’un grave accident de la route et laisse dans le deuil la mère et ses trois enfants. La famille déménage alors dans le secteur de Laval à l’invitation d’Elzéar Duquette.
Trio Sourire, un orchestre garage de pré-ados
Là-bas, vers 1963-64, les enfants reprennent les activités musicales sous le nom du Trio Sourire afin d’aider leur mère à boucler le budget familial. Leur carrière étant gérée par M. Duquette, ils adoptent un répertoire de succès yé-yé et se produisent dans la couronne Nord de Montréal.Elzéar Duquette fait l’achat d’une fourgonnette et, en compagnie de leur mère, organise des spectacles pour les enfants musiciens à travers la province. Il leur permet aussi de prendre des cours de chants avec le français d’origine Jean Albert, ex-membre du célèbre groupe Les Compagnons de la chanson.
En 1966, le Trio Sourire décroche un contrat d’enregistrement avec la compagnie Rusticana menée par Roger Miron. Ils enregistrent une reprise de Satisfaction des Rolling Stones. Serge, 14 ans, est à la guitare. Nicole, 10 ans, est derrière les tambours. Carole, 12 ans, chante. La guitare fuzz est dominante sur l’enregistrement. Leur exécution bancale et spontanée de Satisfaction constitue un témoignage brut de la vague yé-yé des années 60. Pour cette raison, la chanson s’est retrouvée sur les compilations Ultra Chicks et Girls in the garage à la fin des années 90.
Nada, idôle pop
Toujours en 1966, M. Duquette se fait subtiliser la gérance du groupe par un nouvel impressario, Tony Caticchio, qui convainc la jeune Carole de partir en solo. Quelques mois plus tard, Elzéar Duquette a l’idée saugrenue de partir en voyage à pied à travers le monde, charriant derrière lui un cercueil monté sur roues… Il devient un personnage public connu autour du globe sous le nom du « Roi de la marche ». Son premier voyage dure de 1969 à 1976! Il continue ce cirque durant une quarantaine d’années!
Caticchio permet à Carole d’enregistrer deux albums complets au tournant des années 70 sous le nom Nada. Plusieurs de ses chansons trouvent le chemin des palmarès radio entre 1970 et 1972. Elle devient l’une des grandes vedettes féminines du Québec et par sa beauté et son goût, s’établit comme une leader dans l’image de mode.
Au milieu des années 70, Carole Simard serait revenue dans la région pour s’installer dans le secteur d’Amos. Elle se marie à Ville-Marie en 1983. Mme Simard continue dans le domaine du chant, notamment avec une chorale. C’est d’ailleurs lors d’une pratique de chants de Noël qu’elle est victime d’un arrêt cardiaque, à la fin du mois de décembre 2003.