Catastrophes naturelles, montée des eaux, sécheresses... L'urgence de lutter contre les changements climatiques est de plus en plus concrète, mais l'humanité tarde tout de même à agir. Pourquoi? Pour Anne-Sophie Gousse-Lessard, docteure en psychologie sociale et environnementale, de nombreux facteurs entrent en ligne de compte, à commencer par le profil psychologique d'une personne.
Le premier constat qui ressort lorsqu’on écoute Mme Gousse-Lessard, c’est que tous les êtres humains ne sont pas égaux face à la problématique des changements climatiques.
Un processus
Pour certains, comme les agriculteurs qui perdent leurs récoltes à cause de la sécheresse, l’urgence est évidente et bien réelle. Leur mode de vie et leur moyen de subsistance étant directement menacés, ces personnes sont souvent les premières à prendre conscience du problème.
Débute alors le processus du changement de comportement, qui comporte quatre étapes :
- Être informé du problème;
- Avoir le désir d’agir et s’informer sur les options qui s’offrent à soi;
- Poser des actions concrètes pour changer son comportement et intégrer ces actions dans son quotidien;
- Maintenir ses nouvelles habitudes.
Chaque personne chemine dans ce processus à son propre rythme et il arrive même qu’elle recule jusqu’à revenir à la première étape.
Un cheminement propre à chacun
Différents événements dans la vie d’une personne peuvent la retarder ou la faire reculer. Par exemple, si une personne est entourée d’amis sensibilisés à la cause écologique, mais qu’elle déménage ailleurs et que ses nouveaux amis ne le sont pas, il se peut qu’elle régresse dans son cheminement. Autre exemple : quelqu’un de très responsable du point de vue environnemental à la maison ne le sera pas nécessairement au chalet ou en voyage.
Anne-Sophie Gousse-Lessard estime par ailleurs que le mouvement environnementaliste souffre parfois d’un problème d’image en raison du caractère négatif de son message. « Le discours se base souvent sur la culpabilisation, la tristesse, la peur. Ça aide à attirer l’attention sur certains problèmes, mais si l'on n’aide pas les personnes à agir, ça démotive, ça amène de la résignation. On entre ensuite dans des mécanismes de déni des problèmes. »
Pour arriver à mieux se convaincre de l’importance d’agir, cette experte recommande de réfléchir au cycle de vie des objets que l’on achète. « Il s’agit de penser en matière de ressources, de transformation, de transport, de marchandisation, jusqu’à ce que l’objet se rende à la maison. Avant de l’acheter, il faut se demander si c’est durable, si l'on peut le revaloriser, si c’est recyclable ou compostable, etc. »