« C'est une logique qui a pris tout le monde par surprise et qui fait partie d'un bourbier purement politique », dénonce Yvan Blondin, lieutenant-général à la retraite, à propos de la décision d'Ottawa d'acheter de vieux avions de chasse australiens. « Quand les libéraux sont arrivés au pouvoir, ils ont annoncé très vite, sans consulter personne, qu'il y avait un écart de capacité et qu'il fallait se trouver de nouveaux avions. Si l'on avait demandé l'avis des experts, je ne suis pas certain que l'on aurait [déterminé] les mêmes priorités », ajoute-t-il.
Le gouvernement canadien fait l’acquisition de chasseurs usagés en attendant que son nouvel appel d’offres débouche sur l’achat d’appareils neufs pour remplacer la flotte vieillissante, selon lui. « Cet achat ne nous donnera certainement pas une capacité supérieure. Ce sont des avions en fin de vie qui ont encore quatre ou cinq ans de vie utile et qui vont demander de plus en plus de maintenance et d’investissements pour les maintenir en vol », déplore le commandant sortant de l’Aviation royale canadienne.
Cette décision serait toutefois préférable à l’idée initiale d’Ottawa, qui voulait commander des Super Hornet à Boeing. « Ça coûte moins cher et l'on obtient des avions semblables à [ceux de] notre flotte. Ça augmente un peu notre capacité à court terme et ça nous donne une source de pièces de rechange pour garder un maximum d’avions en vol », précise l’expert.
Malgré tout, M. Blondin est d’avis que le gouvernement se trompe de cible. « Ça n’a rien à voir avec les besoins sur le terrain. La marine tombe en morceaux. On n’est même pas capable de payer un deuxième navire de ravitaillement à la Davie, à Québec. Il y a des besoins plus urgents, même dans l’aviation », plaide-t-il.