« Il faut rendre les puissants de ce monde [responsables de leurs actes]. [..] Notre travail est important, notre travail est essentiel. » Marie-Maude Denis s'est trouvée au centre de plusieurs batailles juridiques et policières qui ont secoué le Québec des dernières années; que ce soit la corruption dans l'industrie de la construction ou le financement illégal des partis politiques, la journaliste d'enquête a été de tous les fronts. Pendant une heure, elle révèle à Marie-Louise Arsenault les moments les plus marquants de son métier.
Marie-Maude Denis est originaire de Sudbury, en Ontario. C’est un héritage culturel qu’elle chérit énormément : « Je suis fière d’être une Franco-Ontarienne, je le revendique », affirme-t-elle. La journaliste a étudié en sciences politiques, en communications et en théâtre à l'Université d'Ottawa et a fait un baccalauréat en journalisme à l’Université Laval. C’est d’ailleurs à Québec qu’elle a fait ses premiers pas dans le métier, d’abord comme préposée aux sous-titres à la salle des nouvelles de Radio-Canada, et par la suite, elle a été mutée aux affaires judiciaires.
C’est en 2007 qu’elle a succédé au journaliste Alexandre Dumas, autrefois attitré aux faits divers à la Télévision de Radio-Canada. Marie-Maude Denis était reconnaissante de pouvoir compter sur l’expertise de son caméraman qui lui a montré les rouages du métier à Montréal. « Alexandre Dumas m’a laissé un précieux cadeau, celui de pouvoir côtoyer son caméraman, avec qui il travaillait depuis des décennies. Dans ce milieu, c’est les caméramans qui nous élèvent comme journaliste. Ils sont indispensables à notre développement », croit-elle.
« Dans ce travail, nous ne sommes pas dans la quantité, nous sommes dans l’impact. Les enquêtes journalistiques touchent des pouvoirs économiques et politiques. […] C’est normal qu’il y ait des feux d’artifice qui culminent vers des commissions d’enquête et des causes judiciarisées. »
En 2008, Marie-Maude Denis a entamé une longue carrière au sein de l’émission d’affaires publiques Enquête. À la même époque, elle a exposé les irrégularités qui entachaient le milieu de la construction et les systèmes frauduleux des financements des partis politiques municipaux et provinciaux. Plusieurs personnes sont tombées à la lumière de ces affaires, dont l’ex-candidat à la mairie Benoît Labonté, qui a décidé de se confier en primeur à la journaliste. Cette histoire a confirmé à Marie-Maude Denis l’importance de son métier.
« Je suis une journaliste qui est là pour rapporter les faits. Je ne suis pas un confesseur, je ne suis pas un curé ni une travailleuse sociale. Des fois, les lignes sont floues dans les relations humaines. […] Il ne faut pas qu’on devienne des alliés [avec les personnes qui se confient à nous]. »