« Quand tu écris sur le Canadien, tu deviens avec le temps aussi connu que les joueurs. Le prestige du Canadien te donne de la notoriété comme journaliste. » Quelques jours après le départ à la retraite de Bertrand Raymond en juin dernier, Marie-Louise Arsenault a rencontré le journaliste sportif. Celui-ci raconte son parcours vers ce qui a toujours été son but : être affecté à la couverture du Canadien de Montréal.
La passion de Bertrand Raymond pour le hockey et le journalisme sportif remonte à l’enfance. Cependant, l'homme raconte qu’il a d’abord voulu devenir technicien radio pour pouvoir travailler avec son père, lui-même animateur à la radio, avant de découvrir assez vite qu’il était plus intéressé par l’écriture.
Il décrit comment il est ainsi devenu journaliste sportif en 1967, d’abord au Progrès-Dimanche, puis au Journal de Montréal et à RDS.
Surmonter les épreuves
Dans les années 1970, Bertrand Raymond a perdu ses parents, puis son frère, dans deux accidents de voiture. Il explique que ces événements ont non seulement changé la personne qu’il était, mais aussi affecté son écriture et sa manière de pratiquer le journalisme.
Il reconnaît que le sport était jusqu’alors pour lui surtout une affaire de statistiques, mais que ces deux drames « ont ouvert les écluses de la sensibilité [chez lui] ».
« J’ai commencé à m’intéresser à l’aspect humain des gens. Ça m’a permis d’écrire des papiers qui ont permis aux lecteurs de voir que les athlètes n’étaient pas différents d’eux. Eux aussi pouvaient connaître des malheurs dans leur vie. »
Époque bénie
Bertrand Raymond ajoute qu’à l’époque, les joueurs étaient en outre beaucoup plus accessibles et bavards qu’aujourd’hui.
Il souligne que cette proximité avec les joueurs et les entraîneurs lui a permis de rapporter des histoires que les journalistes d'aujourd’hui ne sont plus capables d’aller chercher, parce que les joueurs ne se confient plus comme avant.
« J’ai vraiment exercé mon métier à la meilleure époque. »
Le journaliste relate des anecdotes savoureuses sur les personnalités qui ont marqué sa carrière : Jean Béliveau, dont il admirait la prestance, et Guy Lafleur, qui l’impressionnait par ses performances.
Bertrand Raymond raconte les coulisses d’une des plus grandes histoires en primeur de sa carrière : Guy Lafleur qui menaçait de faire grève si le Canadien n’acceptait pas de renégocier son contrat.
Ses années au Journal
Bertrand Raymond a passé 41 ans au Journal de Montréal, dont il a dirigé le service des sports de 1979 à 1986. Il raconte ce que c’était de travailler avec Pierre Péladeau. « On avait un énorme respect pour lui. Le journal, c’était son bébé. »
Le journaliste parle avec une vive émotion du lock-out de 2009 et se montre perplexe devant l’évolution du métier.