La chercheuse Sarah Cacoub estime qu'il faut accepter l'idée que la transition énergétique s'accompagne d'une décroissance. Normand Mousseau, physicien théoricien, croit que le domaine énergétique est trop imprévisible pour écarter l'idée de la croissance économique. En compagnie du journaliste Étienne Leblanc, ils débattent de la possibilité d'une croissance infinie dans un monde limité.
« Sur deux siècles, on a connu une croissance économique sans précédent et en parallèle, la mobilisation extraordinaire d’une forme d’énergie particulière : les énergies fossiles, souligne Sarah Cacoub. À l’intérieur des pays, oui, on peut avoir un découplage : une croissance économique et une diminution un peu faible des émissions de gaz à effet de serre. Mais je pense que si on prend le cadre global, les émissions de gaz à effet de serre ont continué d’augmenter. Si, en Allemagne, les gaz à effet de serre diminuent, est-ce qu’on a pris en compte l’importation des matériaux pour fabriquer les éoliennes et les [appareils] solaires qui ont été importées depuis la Chine? Je ne pense pas. »
« La décroissance est là, on va la vivre. La question, c’est : quand est-ce qu’on va la vivre? Et comment va-t-on la vivre? Va-t-on la subir ou la choisir? »
Vers l’eldorado énergétique
« On a les ressources qu’il faut pour faire la transition énergétique sans changer, sans bousculer l’ordre économique mondial, soutient Normand Mousseau. Les changements de technologie sont hallucinants. On s’en va, dans 30 ou 40 ans, vers de l’énergie abondante, à faible prix et propre. »
Nouveau paradigme
« Je crois qu’il faut sortir du cadre de la croissance économique liée aux énergies fossiles, propose Étienne Leblanc. On est en train de vivre une révolution énergétique, actuellement, et le cadre est en train de changer. […] C’est sûr que les technologies aident. »