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Pourquoi tant d’hommes de pouvoir commettent des agressions sexuelles

Médium large, ICI Première.
Audio fil du jeudi 19 octobre 2017

Pourquoi tant d’hommes de pouvoir commettent des agressions sexuelles

Sexe et pouvoir : Discussion

Un homme pose ses mains sur l'épaule et l'avant-bras d'une femme qui travaille à l'ordinateur.
Un homme pose des gestes inappropriés sur une collègue de travail.PHOTO : getty images/istockphoto
Médium large, ICI Première.
Médium largePublié le 19 octobre 2017

Pour certains hommes en situation d'autorité, l'agression sexuelle est une manière d'asseoir son pouvoir et de s'affirmer invulnérable. Le silence des victimes peut durer longtemps parce que leur faire porter la faute est une méthode propre aux agresseurs, et parce que le public admire souvent ces dirigeants. Caroline Codsi, présidente de Gouvernance au féminin, Hubert Van Gijseghem, psychologue, Michel Dorais, sociologue de la sexualité, et Jocelyne Robert, sexologue discutent du rôle du mépris dans l'inconduite sexuelle au micro d'Isabelle Craig.

« Le geste sexuel n’est pas juste un geste sexuel. C’est aussi un geste d’appropriation, un geste qui dit : "Je peux, j’ai le droit, je suis celui qui a le pouvoir et ceci affirme et confirme mon pouvoir", affirme Hubert Van Gijseghem. Les médias, les affaires, la politique sont tous des domaines de pouvoir. C’est là que, la plupart du temps, on voit ces dérapages. Ce sont justement les domaines qui attirent les gens qui […] ont une structure de personnalité qui les pousse à avoir de la visibilité. Ils reçoivent un écho souvent très positif, même s’ils font leurs bêtises. Il y a un genre de renforcement positif parce que les gens sont en admiration devant le pouvoir. »

« Ce qui me révolte, c’est cette espèce de surdité des décideurs politiques, qui ne sont pas capables d’injecter des sous dans quelque chose qui ne donnerait peut-être pas de résultats demain, mais qui en donnerait probablement sur deux générations. »

— Une citation de  Jocelyne Robert

L’inaction perdure
Jocelyne Robert fulmine : « On ne fait jamais rien. […] On fait de petites choses, on éteint des feux. La solution la plus percutante, la plus pertinente, est un programme d’éducation à la sexualité chez lez garçons et les filles de l’âge du préscolaire jusqu’au cégep. Il n’y a pas d’autre solution. Quand les petites filles passent leur temps à s’entendre dire qu’il y a des concours de mini-Miss, qu’elles sont donc belles, qu’elles sont donc fines et qu’elles doivent donc être gentilles, elles ont bien de la difficulté, à 15 ans, 16 ans, à se défendre. Quand les garçons passent leur temps à s’entendre dire qu’ils sont capables de tout, qu’ils ont tous les pouvoirs, qu’ils vont aller loin dans la vie, ils pensent qu’ils ont tous les pouvoirs sur les êtres humains autour d’eux. »

« Bas les pattes, sinistre personnage! »
Caroline Codsi a déjà rencontré Hillary Clinton, qui lui a raconté ce qu’elle avait ressenti lorsque, durant un débat télévisé en vue des élections présidentielles, son rival, Donald Trump, rôdait derrière elle en lui soufflant dans le cou, une manœuvre visant clairement à l’intimider. Elle a dit à Mme Codsi : « Je voulais vraiment me retourner et lui dire : "Bas les pattes, sinistre personnage!" »

La fondatrice de Gouvernance au féminin affirme avoir elle aussi eu à travailler pour un patron prédateur sexuel. Elle a dû se procurer une enregistreuse de poche pour avoir la preuve de l’inconduite de son supérieur. Son geste a porté ses fruits, puisque l’homme a fini par être congédié, mais elle a tout de même quitté cet emploi par dégoût.

La communauté LGBTQ surreprésentée
Michel Dorais insiste sur les préjugés à l’endroit des personnes LGBTQ, qu’on croit à tort immunisées contre le harcèlement et l’agression sexuelle. « Il y a ce mythe que, par exemple, dans les communautés LGBT, les gens seraient plus ouverts à dire oui facilement. Or, ce n’est pas du tout le cas. Quel que soit votre sexe, votre orientation sexuelle, vous avez des préférences, vous avez le droit d’en avoir, vous avez le droit de dire non. On voit que, dans ces communautés-là, il y a une surreprésentation de victimes de harcèlement, et même de violence et d’agressions sexuelles. Évidemment, il y a plus de jeunes femmes [qui en sont victimes], mais il y a aussi des hommes, il y a aussi des personnes trans. L’âge, le genre, l’orientation, sexuelle, ça n’a plus rien à voir, maintenant, parce que vous pouvez tous être victimes un jour d’une personne qui veut abuser de son pouvoir sur vous. »

Pour participer anonymement à la recherche de Michel Dorais sur les agressions et les violences sexuelles à l’encontre des personnes LGBT, composez le 514 591-8859.