De la taille des portions aux choix éthiques (comme le fait de manger ou non de la viande) en passant par le lien avec la malbouffe, les enfants sont davantage capables de prendre des décisions raisonnées qu'on le croit en matière d'alimentation. Quatre spécialistes expliquent à Stéphan Bureau qu'il est toutefois urgent d'améliorer l'éducation alimentaire des Québécois, et font l'essai du « newtella », une tartinade au chocolat bonne pour la santé et l'environnement.
« On ne peut pas parler de l’alimentation des enfants sans parler de l’ensemble de la famille », souligne la chroniqueuse Katerine-Lune Rollet. « Quelle relation les parents ont-ils avec la nourriture? » Elle recommande de lire le livre Manger, un jeu d’enfant, de Guylaine Guevremont et Marie-Claude Lortie.
On y apprend notamment que l’enfant sait lui-même, dès la naissance, s’arrêter de manger lorsqu’il n’a plus faim. « Le rôle du parent, c’est de décider le menu, quand on mange, [et] comment on mange. L‘enfant, lui, son seul rôle, c’est de décider combien il va manger. Là-dessus, le parent ne devrait jamais intervenir », dit la chroniqueuse.
La malbouffe aussi dangereuse que le tabac
Nutritionniste et diététiste, Anne-Marie Roy exhorte nos gouvernements à lutter contre la malbouffe avec la même vigueur qu’ils l’ont fait contre le tabac. Depuis 1985, le taux d’obésité au Québec a triplé, et la moitié du budget provincial entre dans un système de santé engorgé par le cancer et les problèmes cardiovasculaires, qu’une meilleure alimentation contribuerait à faire diminuer. « Si on ne fait rien, la situation va continuer à se détériorer, prévient-elle. On sait que présentement, nos mauvaises habitudes alimentaires sont la principale cause de décès prématurés. […] Qui éduque la population? C’est l’industrie. »
L’avenir ne mange pas de viande
Élise Desaulniers se réjouit qu’une part de la vigueur des mouvements véganes, végétariens et antispécistes vienne des enfants et des adolescents. Selon elle, plusieurs enfants remettent naturellement en question la pertinence de manger de la viande et convertissent leurs parents à leur tour. Elle cite en exemple la vidéo bien connue d’un petit Brésilien refusant de manger de la pieuvre après que dernier eut réalisé qu’il s’agissait d’un animal vivant, ou celle d’Aurélien Enthoven, le fils de Carla Bruni, qui se porte à la défense du véganisme.
Vidéo : le petit Luiz Antonio ne veut pas manger de pieuvre
« Cette génération qui nous suit croit peut-être un peu moins à l’action publique. Peut-être que le changement passe par l’action individuelle », propose-t-elle.
Vidéo : le plaidoyer d'Aurélien Enthoven
Laissons les enfants être des enfants
Le restaurateur Frédéric Morin craint que trop d’éducation alimentaire nuise aux enfants. D’abord parce que les préceptes de cette dernière changent souvent, par exemple les croyances entourant le gras contenu dans les œufs. Ensuite parce qu’il croit que les enfants sont trop jeunes pour se préoccuper d’alimentation. « On prend nos troubles de conscience adultes et on les projette sur nos enfants, déplore-t-il. Je veux faire en sorte que mes enfants soient des enfants; qu’à l’âge de croire au père Noël, ils croient au père Noël, et qu’à l’âge d’apprendre sur les zizis, ils apprennent sur les zizis. »
Recette de « Newtella » aux haricots
Ingrédients
- 1 boîte (398 ml) de haricots noirs
- ¾ tasse de dattes trempées dans l’eau
- 1/3 tasse de beurre de noisettes
- ¼ tasse de cacao en poudre
- ½ tasse (ou plus, selon la consistance désirée) de boisson de soya
- une pincée de sel et un peu de stévia au besoin
Préparation
Mélanger dans un robot culinaire jusqu’à consistance très lisse.