Perdre un enfant, c'est le sol qui se dérobe sous ses pieds. Devant un tel choc, demander de l'aide est une nécessité. Simon le sait pour avoir involontairement causé la mort de son bambin de moins d'un an en l'oubliant dans la voiture, l'an dernier. En compagnie de Chantal Verdon, professeure-chercheuse-clinicienne à l'Université du Québec en Outaouais, il explique à Catherine Perrin qu'il a dû surmonter son sentiment de culpabilité pour le bien de ses autres enfants et de sa conjointe.
« Quand ça arrive, on est complètement détruit. N’essayez pas de l’imaginer, vous ne le pourrez pas, à moins que ça vous soit déjà arrivé. On est vraiment à terre et on ne voit pas le bout », relate Simon.
Après le drame, il a été arrêté, comme le veulent les procédures. C’est la police qui lui a recommandé une aide psychologique. Il explique pourquoi sa conjointe et lui ne pouvaient se soutenir mutuellement dans de telles circonstances : « Normalement, ça devrait être le travail du conjoint d’aider l’autre dans des moments difficiles, mais là, on s’entraînait l’un et l’autre dans une vrille qui n’était pas saine. C’est là qu’on voit qu’on a un excellent cercle d’amis. Tout le soutien des professionnels aide beaucoup, mais l’aide familiale et le cercle d’amis sont eux aussi nécessaires. »
Selon lui, le sentiment de culpabilité s’amenuise pour faire place à un chagrin plus brut. Les mots d’appui de certains chroniqueurs, comme Patrick Lagacé, l’ont également aidé. Vient ensuite le devoir de veiller sur les enfants survivants, un défi de taille lorsqu’on n’a pas tous ses moyens : « Le deuil est plutôt égoïste parce que si on pense aux autres, on ne travaille pas sur soi, et si on ne travaille pas sur soi, on va mal, et quand l’autre va bien, on tombe. »
Faire le ménage
« [Le sentiment de] culpabilité est là chez toutes les familles [qui vivent le deuil d’un enfant], précise Chantal Verdon. Les parents se sentent responsables de cet enfant [qui est mort] et, pour toutes sortes de causes, on retrouve l’émotion de culpabilité. C’est à travailler au rythme auquel la personne peut le faire. »
Selon elle, le sentiment de culpabilité a un rôle à jouer dans tout deuil : « C’est un travail, il faut faire du ménage dans sa tête, dans son cœur. On cherche comment on aurait pu faire pour que les choses se passent autrement. C’est une forme de déni, mais c’est [aussi] un mécanisme de protection […]. On refait le fil des événements. Ça fait partie des émotions qui doivent être gérées. C’est comme une balle de laine qu’il faut démêler et classer dans notre tête, soit par grandeur ou par couleur. Ça ne se fait pas tout seul. Ces émotions sont vécues au fur et à mesure que les choses avancent dans le quotidien. »