La Norvège, le Royaume-Uni et la France sont des modèles à suivre en matière de protection environnementale et de lutte contre les changements climatiques, selon Karel Mayrand, Geneviève Paul et Normand Mousseau. Ces pays sont parvenus à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre (GES) et à implanter des législations limitant la production de déchets, notamment. Nos invités expliquent à Catherine Perrin que le Canada, lui, produit toujours plus de GES.
Karel Mayrand est directeur de la Fondation David Suzuki pour le Québec, Geneviève Paul est directrice générale du Centre québécois du droit de l’environnement, et Normand Mousseau est professeur de physique et directeur académique de l’Institut de l’énergie Trottier.
Garder le pétrole, couper ailleurs
Selon Karel Mayrand, le Canada aurait tout à apprendre de la Norvège qui, comme lui, est un producteur pétrolier, mais dont les émissions de GES n’ont augmenté que de 3 % depuis 1990. Celles du Canada ont augmenté de 17 % au cours de la même période. « Si on laisse les émissions du secteur pétrolier augmenter tout le temps, c’est sûr qu’il faut faire des gestes ailleurs. Donc, la Norvège a réduit les émissions dans le bâtiment de 60 % depuis 1990 », souligne-t-il.
« La Norvège a été capable de dire : "Oui, nous sommes une puissance énergétique dans l’économie du passé, mais nous allons faire la transition vers l’économie de l’avenir, et nous n’allons pas le faire passivement." »
Sainte-Trinité climatique
Geneviève Paul applaudit la France d’avoir adopté trois lois cruciales pour la protection environnementale : la première soumettant l’entièreté de la chaîne de production des entreprises à la loi française, la seconde interdisant la fracturation hydraulique, et la troisième interdisant l’obsolescence programmée. « On dit aux entreprises : "Vous ne pouvez plus échapper à votre responsabilité, même si [vos bureaux sont installés] au Cambodge ou dans un pays ou l’État de droit n’est pas respecté », évoque-t-elle.
Survivre aux gouvernements éphémères
Normand Mousseau constate qu’avec sa loi sur les changements climatiques adoptée en 2008, l’Angleterre garantit la protection de l’environnement au-delà des changements de gouvernement. Sa cible de 80 % de réduction de GES d’ici 2050 est respectée jusqu’à maintenant.
« Là où ça marche dans le monde, c’est que ce n’est pas un ministre de l’Environnement qui gère la lutte aux changements climatiques, affirme Normand Mousseau. Il faut associer [cette lutte] de très près aux décisions économiques. Quand on laisse ça à un ministère de l’Environnement, on développe des projets au ministère [des Finances], et la problématique des changements climatiques arrive sur le tard et est toujours vue en opposition. »