D'un côté, il faut combattre l'ostracisme dont sont victimes les personnes en surpoids. De l'autre, il faut éviter de banaliser l'obésité, favoriser une approche multidisciplinaire et enseigner aux jeunes enfants le plaisir de saines habitudes de vie et de la gestion des émotions. Dominique Garrel et Catherine Senécal sont formels : l'embonpoint est d'abord une question de santé mentale. L'endocrinologue et la psychologue font valoir à Catherine Perrin que dans l'absence d'un accès public à la psychothérapie, les personnes souffrant d'excès de poids sont essentiellement laissées à elles-mêmes.
« Dire à un obèse de perdre du poids, c’est comme dire à un asthmatique qu’il faut mieux respirer. C’est aussi idiot que ça, affirme Dominique Garrel. Il faut lui donner l’état de la science : si vous essayez tout seul, vous avez une chance sur 100 que ça marche. Si vous essayez avec un seul professionnel, vous avez 5 chances sur 100. Si on veut monter à 30, 40 %, il faut une équipe multidisciplinaire. »
Travail d’équipe
Selon lui, une prise en charge efficace nécessite la participation d’un nutritionniste, d’un kinésiologue et d’un psychologue. Il déplore que l’obésité, qu’il considère comme une maladie, ne soit pas reconnue par le système public de santé et aimerait voir le Québec prendre exemple sur l’Angleterre en remboursant la psychothérapie nécessaire pour accompagner les chirurgies bariatriques.
« C’est une grosse erreur de ne pas prendre en charge pour au moins 6 mois le travail sur les habitudes de vie [après une chirurgie bariatrique]. »
Le spécialiste considère le mouvement en faveur de la diversité corporelle comme un juste retour des choses après des années de marginalisation des personnes en surpoids.
Le plaisir comme outil de prévention
Catherine Senécal estime elle aussi que les personnes en surpoids sont laissées pour compte par le système de santé. Selon elle, la diminution constante des services psychosociaux au public les met à risque.
Elle préconise une prévention dès l’enfance. « Les programmes de prévention pour les troubles alimentaires chez les enfants fonctionnent aussi pour la prévention de l’obésité, dit-elle. Si on implante, par exemple, des programmes pour aider les enfants à avoir du plaisir à jouer dehors, à faire du sport, à manger de tout, [que les aliments ne soient pas] dichotomisés comme bons ou mauvais, finalement, on peut prévenir les deux à la fois. Ce ne sont pas deux problèmes séparés. On apprend à gérer ses émotions. »
Elle insiste également sur l’importance de ne jamais parler de poids aux enfants : « Particulièrement s’il y a un surpoids. Ça serait plus dommageable qu’autre chose. Il vaut mieux, à la place, se [concentrer] sur le cœur du problème. »