C'est la pollution, le déversement d'engrais et la déforestation qui sont à l'origine des algues toxiques qui causent la mort de milliers de poissons, de tortues, de dauphins et de plantes aquatiques depuis la fin de l'été au large de la Floride. Plus au sud, le Mexique et les Caraïbes sont également aux prises avec la multiplication des sargasses. Dolores Planas, professeure émérite en sciences biologiques, et Denis Jimenez, constructeur de bateaux, expliquent à Catherine Perrin comment les ouragans stimulent la progression de ces algues, puis donnent un aperçu des solutions possibles.
Selon Dolores Planas, l’actuelle vague d’algues rouges a été déclenchée par les ouragans de la saison 2017. « Si vous regardez aujourd’hui l’évolution des nouveaux ouragans, vous verrez qu’il y a des vents très forts qui remuent l’eau, indique-t-elle. Alors, les nutriments qui se sont accumulés au fond des zones côtières remontent à la surface. Les petites algues n’attendent que de la nourriture pour se reproduire et [proliférer], comme c’est arrivé à d’autres reprises. Normalement, ces phénomènes d’algues rouges dans les zones des côtes de l’Amérique du Nord et du Mexique durent trois, quatre mois. […] Jamais elles n’ont explosé comme elles le font présentement. »
Étouffantes sargasses
Denis Jimenez, pour sa part, a mis au point une barrière flottante pour récupérer les sargasses au large du Mexique et de la Floride. Il croit qu’elles peuvent être utilisées pour fabriquer des engrais, du bioplastique ou du biogaz. « Ces derniers temps, surtout cette année, nous sommes très [touchés] par ces algues qui viennent s’échouer sur les plages et tuer tout ce qui est en dessous, dit-il. Elles consomment tout l’oxygène. Malheureusement, tout ce qui est faune et flore en dessous meurt, y compris les coraux. En se décomposant, elles provoquent la mort de tout un écosystème. Elles ont tendance à se décomposer sur place et à transformer l’eau qui était transparente et limpide en mer café. »