Ne pas choisir la chimiothérapie et opter pour un traitement par la nutrition pour guérir le cancer : voilà l'objet du documentaire The Food Cure, réalisé par la journaliste Sarah Mabrouk. On y suit six patients cancéreux, qui ont opté pour la méthode Gerson et qui sont toujours en vie. Sans prendre position, car aucune étude ne confirme les bienfaits de ce genre de traitement, la réalisatrice a néanmoins voulu mettre en lumière cette thérapie parallèle. Stéphan Bureau en parle avec Sarah Mabrouk, l'hématologue Claude Perreault et Marie-Josée Campagna, une des patientes dans le documentaire.
Pour son documentaire, Sarah Mabrouk a suivi six patients pendant cinq ans. Au départ, elle souhaitait les accompagner deux ans, mais le projet a un peu changé en cours de route. « J’ai des oncologues qui m’ont conseillé de les suivre pendant cinq ans. C’est ça le minimum pour qu’un patient soit considéré comme survivant », explique-t-elle.
Claude Perreault salue d’ailleurs la démarche de la réalisatrice. « La force principale de ce documentaire, c’est de suivre ces gens-là sur une longue période, pas de nous donner des instantanés », dit-il.
Au départ, Sarah Mabrouk reconnaît qu’elle était sceptique à propos de la méthode Gerson, qui se base, entre autres, sur l’ingestion de plusieurs jus frais chaque jour et l’administration de plusieurs lavements au café. « Ça m’a paru complètement ridicule de dire qu’on peut guérir le cancer avec des carottes et des pommes. Ça n’avait pas de sens », concède-t-elle.
Elle a tout de même décidé d’aller de l’avant. « J’ai décidé de suivre de vrais patients pour savoir comment ça se passe, comment ils se sentent, pourquoi ils font ça et aussi ce qui se passe avec eux », explique Sarah Mabrouk.
Le documentaire va notamment à la rencontre de Marie-Josée Campagna, survivante du cancer du sein, qui s’est prêtée à la méthode Gerson. Après avoir subi une opération, elle a refusé de choisir l’avenue de la chimiothérapie et a opté pour ce traitement parallèle. La mère de quatre enfants s’est rendue au Mexique pour profiter de ce traitement, car il n’est pas approuvé par les autorités de santé publique au Canada et aux États-Unis.
Marie-Josée Campagna n’a que de bons mots pour la méthode Gerson. Elle estime que le documentaire The Food Cure explique bien l’avenue différente qui peut s’offrir à ceux et celles qui souffrent d’un cancer.
Le documentaire The Food Cure sera présenté le 21 juin au Mega-Plex Terrebonne 14, à Terrebonne, et le 22 juin au cinéma du Parc, à Montréal.
Des hypothèses, pas de conclusions
Selon Claude Perreault, l’œuvre cinématographique de Sarah Mabrouk est intéressante dans le sens où elle postule de nouvelles hypothèses quant au traitement du cancer, particulièrement par rapport à la méthode Gerson. Il ne s’agit cependant que d’hypothèses pour le moment, insiste l’hématologue, car aucune étude sérieuse n’a encore prouvé l’efficacité de ce traitement.
« Il faut faire attention : ces données-là, c’est suffisant pour générer des hypothèses, mais pas des conclusions. Les hypothèses, il faut les tester, et malheureusement, il y a juste une façon de les tester de façon convaincante pour convaincre les médecins, c’est dans ce qu’on appelle des études randomisées, où, aléatoirement, on attribue à la moitié d’un groupe un traitement, et à l’autre moitié un autre traitement. »
De son côté, Sarah Mabrouk espère que son documentaire fera réfléchir les chercheurs et les médecins, et qu’il favorisera une prise de conscience et une ouverture par rapport aux méthodes non traditionnelles pour traiter le cancer.
« La recherche, c’est là où il faut avoir des têtes créatives, des têtes ouvertes à regarder toutes les options, et à ne pas se limiter à des options […] qui sont plus faciles à utiliser. »
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