Les femmes sont plus à risque en ce qui a trait à l'épuisement professionnel et, lorsqu'elles en souffrent, elles ont tendance à s'investir dans les tâches domestiques. C'est la conclusion d'une nouvelle étude dirigée par Nancy Beauregard, chercheuse à l'Observatoire sur la santé et le mieux-être au travail de l'Université de Montréal. Son étude a constaté que les causes de l'épuisement professionnel étaient aussi différentes chez les femmes : elles regrettent plus souvent un manque de contrôle sur leurs tâches. Nancy Beauregard explique à Catherine Perrin que l'épuisement professionnel est un phénomène plus genré qu'on le croyait.
Pour son étude, Nancy Beauregard s’est servie des données recueillies par l’étude SALVEO, une enquête sur la santé mentale au travail menée auprès de 2026 personnes de 2009 à 2012.
Déplacer ses efforts
« Chez les femmes de notre étude, on se rend compte que les niveaux de latitude décisionnelle sont plus bas que chez les hommes, considérablement plus bas. Ça les met plus à risque de rapporter des niveaux d’épuisement professionnel, souligne la chercheuse. Ces travailleuses rapportent [considérablement] moins d’heures travaillées que les hommes. Il y a comme un déplacement de ce temps occupé qu’on ne met pas dans les heures du travail vers la sphère hors travail. »
Effet protecteur
Nancy Beauregard croit que c’est un reflet de la difficulté des femmes à accéder aux postes stratégiques. « Il est possible que, pour certaines femmes, les demandes du travail soient tellement intenses qu’elles décident de les tamiser et de réduire leurs heures de travail, et donc, de réinvestir plus dans la sphère hors travail. Ça leur permet de ventiler ces demandes du travail. C’est un effet protecteur. Il est aussi possible que, dans leur vie, certaines femmes choisissent, pour mieux répondre à leurs rôles et responsabilités familiales, de s’investir [davantage] dans cette sphère privée. »