« C'est inattendu, mais c'était extrêmement espéré et désiré », dit Hassan Guillet au sujet du nouveau plaidoyer enregistré par Alexandre Bissonnette, mis en cause dans la tuerie de la grande mosquée de Québec, qui a fait six morts le 29 janvier 2017. L'accusé a d'abord plaidé non coupable, lundi, avant de se raviser ce matin. L'imam, qui a célébré les funérailles des victimes, explique à Catherine Perrin que ce revirement permettra aux familles des victimes de mieux vivre leur deuil, sans avoir à subir le traumatisme d'un procès.
« Personnellement, je suis très, très soulagé, déclare Hassan Guillet. Je me mets à la place de chacune des veuves et de chacun des orphelins, et j’espère qu’ils seront soulagés. Entendons-nous : le sort d’Alexandre Bissonnette ne va pas retourner un père à son orphelin, il ne va pas retourner un mari à sa veuve. Par contre, ça va aider à commencer à panser les blessures et à finir de vivre son deuil en sérénité. Lorsqu’il a plaidé non coupable, au début de la semaine, j’étais extrêmement découragé. Je me mettais à la place de ces familles qui allaient encore agoniser […] pour subir un procès. »
Tueur et victime
L’imam continue de croire qu’Alexandre Bissonnette est lui aussi une victime dans toute cette affaire, une perception qui ne fait pas l’unanimité dans la communauté musulmane. « Ça n’efface pas le mal qu’il a fait, précise-t-il. Je suis père de mes enfants, mais je suis le fils de mon père, aussi. Je suis père et fils. Lui peut être un tueur et une victime aussi. Il est tueur parce qu’il a tiré des balles sur ses victimes, mais il est victime de ceux qui ont planté des idées de haine et de violence dans sa tête. »