Le livre collectif Partir, revenir, mourir un peu se consacre au retour au pays de travailleurs humanitaires après de longs séjours à l'étranger. Comment reconstruire son quotidien après avoir côtoyé les pires horreurs? Comment partager avec ses proches des histoires de souffrance et de violence? À l'instar des militaires, les travailleurs humanitaires peuvent-ils être atteints de trouble de stress post-traumatique? Le signataire de la préface et président de Médecins du Monde Canada, le psychiatre Nicolas Bergeron, le directeur de l'ouvrage, François Audet, et l'une des auteures du recueil, la psychologue Reine Lebel, nous aident à mieux comprendre cette réalité.
« Au Canada, cette communauté est un peu orpheline. Il y a peu ou pas d’employeurs canadiens. Le travail est à l’étranger ou dans d’autres grandes capitales où des communautés professionnelles d’humanitaires sont beaucoup plus importantes en nombre absolu », précise François Audet, qui est directeur de l’Observatoire canadien sur les crises et l’action humanitaire (OCCAH).
« Les humanitaires ont des égratignures, des cicatrices. Ils sont aussi les porteurs d’un message et d’un monde qui existe. »
« L’humanitaire a toujours un pied sur le terrain », témoigne Nicolas Bergeron, qui a travaillé notamment en Haïti, mais qui a cessé d'exercer ce métier à la suite de la mort d’un collègue alors qu’ils étaient à Lima, au Pérou.
La psychologue Reine Lebel, qui a travaillé avec Médecins sans frontières, compare le retour au pays des travailleurs humanitaires à un pont.
« Pour revenir, il faut quitter la mission, et le pont, c’est le retour chez soi. […] Quand tu es au milieu du pont, tu regardes en arrière, tu regardes devant. Qu’est-ce qui m’attend de l’autre côté de ce pont? […] Et des fois, le pont est plus haut, plus difficile à franchir. »
Le livre collectif Partir, revenir, mourir un peu sera en vente en librairie jeudi. Il sera lancé la même journée à Montréal à la Maison du développement durable, à 17 h.