La disposition des lois fédérales et provinciales sur l'aide médicale à mourir spécifiant que la mort doit être prévisible pour qu'on puisse recevoir cette aide brime les gens souffrant d'une maladie incurable, mais dont les jours ne sont pas comptés. C'est pourquoi Jean-Pierre Truchon, paralytique cérébral ayant perdu l'usage de tous ses membres, et Nicole Gladu, qui ne respire plus qu'avec un demi-poumon, sont devant la Cour supérieure du Québec. En compagnie de Me Jean-Pierre Ménard, Nicole Gladu fait valoir à Catherine Perrin que cette question devrait dominer la prochaine campagne électorale fédérale.
« C’est une question éminemment émotive », constate Nicole Gladu, une ancienne journaliste de 74 ans qui est aux prises avec les conséquences de la poliomyélite. « D’une part, ce n’est pas évident que les conseils de ministres se prononcent là-dessus. Ça prend toujours un leadership du premier ministre. Pourtant, il y a eu de nombreux sondages qui ont démontré que les gens, à l’échelle canadienne, étaient massivement en faveur de ce que nous demandons. »
« Il y a une espèce de tabou. La société occidentale n’a pas tellement intégré la mort comme étant dans notre parcours de vie. »
Incompatible avec l’arrêt Carter
Selon Jean-Pierre Ménard, la loi fédérale n’est pas compatible avec l’arrêt Carter, un jugement de la Cour suprême rendu en 2015 qui a pavé la voie aux législations sur l’aide médicale à mourir. Ce jugement stipule que l’interdiction de l’aide à mourir est en contravention avec la Charte canadienne des droits et libertés.
« On a rajouté [dans la loi fédérale] une condition que la Cour suprême n’avait pas mise dans son jugement, soit le critère de mort raisonnablement prévisible. On ne devrait pas avoir ce critère du tout, parce que Carter envisage seulement le traitement de la souffrance, pas la mort. »
« Ce qui est inacceptable, c’est qu’on oblige deux citoyens sans moyens du tout à affronter deux gouvernements, dit-il. Ça aurait dû se régler bien autrement, par une vision des gouvernements. »